Les pays du G20 conviennent de développer les énergies propres

NEW DELHI — Les dirigeants du G20 se sont mis d’accord, samedi, pour tripler les énergies renouvelables et tenter d’augmenter les fonds destinés aux catastrophes liées aux changements climatiques, mais ils ont maintenu le statu quo en ce qui concerne l’élimination progressive du charbon, qui émet du carbone.

Lors d’une conférence de presse tenue peu après l’annonce de l’accord par les dirigeants du G20, dont les pays émettent 80 % des gaz responsables du réchauffement de la planète, Amitabh Kant, haut fonctionnaire du gouvernement indien qui a dirigé certaines des négociations du G20, a déclaré qu’il s’agissait  «probablement du plus vibrant, dynamique et ambitieux document sur l’action climatique».

La plupart des experts du climat et de l’énergie ne se sont pas montrés aussi enthousiastes, mais ils ont convenu que les dirigeants du G20 avaient lancé un message fort en faveur de l’action climatique, alors que le monde est confronté à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes, telles que des chaleurs extrêmes.

Même lors de la dernière réunion des ministres du climat du G20 avant le sommet, des désaccords subsistaient.

Les dirigeants mondiaux et les experts du climat affirment que la déclaration a largement fait avancer le débat, ouvrant la voie à un accord climatique ambitieux lorsqu’ils se réuniront lors de la conférence mondiale sur le climat, la COP28, à Dubaï, plus tard cette année.

«Ces 20 pays représentent 80 % des émissions mondiales, cette déclaration envoie donc un signal puissant en faveur du progrès climatique», a déclaré le sultan al-Jaber, qui présidera le sommet sur le climat à Dubaï.

Certains militants environnementaux ont déclaré qu’il était possible d’en faire davantage.

«Même si l’engagement du G20 en faveur des objectifs en matière d’énergies renouvelables est louable, il élude la cause profonde (des changements climatiques) : notre dépendance mondiale aux combustibles fossiles», a déclaré Harjeet Singh, qui œuvre pour le Climate Action Network International.

Selon un rapport de Global Energy Monitor, une organisation qui suit divers projets énergétiques dans le monde, les pays du G20 abritent 93 % des centrales électriques au charbon en activité dans le monde, et 88 % des nouveaux projets de centrales électriques au charbon qui ne disposent pas de technologies de captage du carbone.

«Il est grand temps que les pays riches de ce groupe montrent l’exemple, qu’ils transforment leurs promesses en actions et qu’ils contribuent à forger un avenir plus vert et plus équitable pour tous», a plaidé M. Singh, qui suit les négociations internationales sur le climat depuis plus de deux décennies.

Pour la première fois, les pays du G20 se sont mis d’accord sur les montants nécessaires pour faire la transition vers les énergies propres. Le document indique que les pays en développement auront besoin de 5, 9 milliards $, d’ici 2030, pour atteindre leurs objectifs climatiques. Un montant supplémentaire de 4 milliards $ sera aussi nécessaire chaque année, jusqu’à la fin de la décennie, si les pays en développement veulent atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, indique le rapport.

«Ce G20 a vu de nombreuses premières», a évoqué Madhura Joshi, analyste de l’énergie, basée à Mumbai au sein du groupe de réflexion sur le climat E3G. «Il est toutefois décevant que le G20 ne parvienne pas à se mettre d’accord sur la réduction progressive des combustibles fossiles», a-t-elle nuancé. 

«L’augmentation des énergies renouvelables et la réduction des combustibles fossiles doivent nécessairement aller de pair. Nous avons besoin d’une action plus forte et plus audacieuse de la part des dirigeants dans les deux domaines. Tous les regards sont désormais tournés vers la COP28, les dirigeants peuvent-ils tenir leurs promesses?», a-t-elle ajouté.