L’Ontario presse les syndicats d’enseignants d’éviter la grève pendant les négos

TORONTO — Le ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, a exhorté lundi trois grands syndicats d’enseignants à conclure une entente pour éviter le déclenchement d’une grève pendant la poursuite des négociations.

La semaine dernière, le gouvernement ontarien et le syndicat qui représente les enseignants des écoles secondaires anglophones ont convenu de négocier jusqu’au 27 octobre, puis de soumettre à l’arbitrage les questions qui demeureraient en litige. Ce processus, s’il était ratifié par les membres, permettrait donc d’éviter le déclenchement d’une grève dans les écoles secondaires anglophones de l’Ontario.

M. Lecce aimerait parvenir à un même accord avec les trois autres syndicats d’enseignants en Ontario: ceux du primaire anglophone, du primaire et secondaire catholique, et du primaire et secondaire francophone.

Le ministre a indiqué lundi qu’il espérait conclure ces accords «le plus tôt possible» avec ces trois autres syndicats afin que les familles puissent avoir la garantie que «leurs enfants seront à l’école pendant trois années consécutives d’apprentissage ininterrompu».

Les trois syndicats avaient indiqué vendredi dernier qu’«une approche unique de l’arbitrage obligatoire ne servirait pas les intérêts des élèves et des communautés locales».

M. Lecce doit rencontrer les dirigeants de deux de ces syndicats cette semaine et de l’autre la semaine prochaine.

L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) a déclaré lundi que le rythme des négociations avait été d’une lenteur inacceptable et qu’elle n’était pas prête à accepter un accord prévoyant un arbitrage exécutoire.

La présidente de l’AEFO, Anne Vinet-Roy, a indiqué qu’avant de discuter d’arbitrage exécutoire avec le gouvernement, le syndicat souhaitait avoir des discussions approfondies sur des sujets et des enjeux qui ne sont toujours pas résolus.

Si la prochaine ronde de négociations, du 30 août au 1er septembre, ne règle pas les questions non résolues, l’AEFO évaluera toutes les options possibles pour faire avancer les négociations plus rapidement, a écrit Mme Vinet-Roy. L’AEFO n’exclut pas la possibilité de demander à ses membres un mandat de grève, a-t-elle dit.

Le syndicat des enseignants du primaire et celui des enseignants catholiques prévoient déjà tenir des votes de grève cet automne.

Négocier d’abord les «questions critiques»

Les trois syndicats soutenaient vendredi dernier dans une déclaration commune que le gouvernement du premier ministre Doug Ford avait peu négocié depuis l’expiration de leur convention collective l’année dernière.

«Le gouvernement conservateur de Ford a toujours refusé d’engager des discussions de fond avec nos syndicats, malgré nos nombreuses tentatives pour progresser à nos tables de négociations respectives», ont écrit les trois syndicats.

Ces syndicats ont déclaré qu’ils souhaitaient des discussions sérieuses sur des «questions critiques» comme l’augmentation de la violence dans les écoles, les ressources et les soutiens pour la santé mentale des élèves, ou la lutte contre la pénurie d’enseignants.

Ils estiment que l’arbitrage exécutoire «garantirait pratiquement» que les questions clés déjà soulevées à la table de négociation ne seraient pas abordées.

La Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l’Ontario, qui a accepté de soumettre à ses membres la proposition du gouvernement, estime qu’elle leur donnerait un recours pour «perte de salaire» en vertu de la «loi 124». 

Cette loi de 2019 avait permis au gouvernement, par décret, de plafonner à 1 % par année, pendant trois ans, les augmentations de salaire de tous les employés du secteur public. Cette loi a été invalidée par un tribunal de l’Ontario, mais le gouvernement a fait appel de cette décision.

Le gouvernement Ford a par ailleurs conclu l’an dernier une entente avec le Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente les employés de soutien des écoles en Ontario, pour leur accorder une augmentation annuelle de 3,59 %. 

Cette entente a toutefois été conclue après que le gouvernement a adopté à toute vapeur une loi qui retirait le droit de grève aux travailleurs. Le gouvernement Ford a finalement retiré sa loi après un débrayage massif, à l’échelle de la province, qui avait forcé la fermeture des écoles pendant deux jours l’automne dernier.