Les conservateurs de Doug Ford obtiennent un autre mandat majoritaire

TORONTO — Doug Ford et les progressistes-conservateurs ont navigué jeudi vers un deuxième gouvernement majoritaire, maintenus à flot par un électorat peu enthousiasmé par le changement, et une campagne décidément plus tranquille que lorsque M. Ford a fait irruption sur la scène politique ontarienne il y a quatre ans.

Cette campagne n’avait pas le piquant et l’éclat de 2018, avec les promesses de la «bière à 1 $» ayant laissé place à des plans d’infrastructure plus guindés.

Les promesses de nouvelles autoroutes et d’hôpitaux étaient au centre du discours d’accomplissements de Doug Ford, cherchant à tourner la page de la pandémie en renforçant l’économie, bien que son budget devenu plate-forme ne contienne pas grand-chose d’autre en termes de nouvelles promesses pour les quatre prochaines années.

Les progressistes-conservateurs étaient élus ou en avance dans 83 des 124 circonscriptions en jeu en fin de soirée, un résultat bien supérieur aux 63 sièges nécessaires pour former un gouvernement majoritaire.

Fait à noter, cette écrasante majorité de sièges a été remportée avec une minorité de voix. En fin de soirée, les résultats préliminaires donnaient seulement un peu plus de 40 % des voix aux progressistes-conservateurs. Les deux principales oppositions récoltaient ensemble plus de 47 % des voix, mais à peine 39 sièges.

Les progressistes-conservateurs avaient remporté 76 sièges en 2018, mais en détenaient 67 lorsque la législature a été dissoute avant la campagne, avec des changements dus aux expulsions et aux démissions.

Les électeurs qui espéraient éviter un autre gouvernement progressiste-conservateur ne se sont pas ralliés en nombre suffisant derrière le Nouveau Parti démocratique ou le Parti libéral pour produire un adversaire sérieux à Doug Ford.

Lors de son discours de remerciement, M. Ford a salué le travail de ses partisans, puis a tendu la main aux travailleurs de l’industrie automobile, de l’industrie minière, aux étudiants et aux nouveaux arrivants. Il leur a tous promis des emplois et des investissements.

«Je suis le premier à reconnaître qu’il y a encore du travail à faire, mais les résultats de ce soir montrent que nous sommes sur la bonne voie», s’est félicité M. Ford.

Les sondages au début de la campagne racontaient à peu près la même histoire qu’à la fin, les deux partis se disputant quelques points de pourcentage ici et là, loin des progressistes-conservateurs.

Le NPD formera à nouveau l’opposition officielle, ses candidats étant en tête ou élu dans 28 circonscriptions, le deuxième meilleur résultat, bien loin des progressistes-conservateurs.

Il s’agissait toutefois de la dernière élection en tant que cheffe du NPD pour Andrea Horwath, qui a échoué pour la quatrième fois à mener son parti au pouvoir. Elle avait tout de même fait des gains en 2018 pour former l’opposition officielle au Parlement.

Dans son discours en fin de soirée, Mme Horwath a annoncé qu’elle se retirerait comme cheffe du NPD, disant qu’il était temps de passer le flambeau.

«Ce ne sont pas des larmes de tristesse, mais des larmes de fierté, a-t-elle assuré dans son discours émotif au moment d’annoncer sa démission. Ensemble, mes amis, nous avons bâti un parti plus fort et plus prêt à gouverner que jamais.»

Le chef libéral Steven Del Duca a aussi annoncé son départ, disant que le processus serait enclenché pour trouver une nouvelle personne pour diriger le parti.

M. Del Duca a subi la défaite dans sa propre circonscription de Vaughan-Woodbridge. Il avait été choisi en mars 2020 comme nouveau chef d’un parti qui cherche à se reconstruire après avoir été décimé en 2018, passant d’un gouvernement majoritaire à seulement sept sièges.

«Clairement, ce n’est pas le résultat que l’on espérait ni pour lequel on a travaillé si fort», a-t-il déclaré.

Les libéraux étaient élus ou en avance dans neuf circonscriptions jeudi soir, selon les résultats préliminaires, un nombre encore insuffisant pour mériter le statut de parti officiel.

Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, est réélu dans la circonscription de Guelph. Le Parti vert a toutefois perdu son meilleur pari pour l’obtention d’un second siège à l’Assemblée législative. Les progressistes-conservateurs s’emparent de Parry Sound-Muskoka.

La formation de Mike Schreiner avait bon espoir que Matt Richter pourrait l’emporter, mais la victoire est allée au maire de Bracebridge Graydon Smith pour les conservateurs.

Dépouillement retardé dans plusieurs circonscriptions

Les résultats ont dû attendre dans quelques circonscriptions, puisque les heures d’ouverture ont été prolongées jeudi soir dans 27 bureaux de vote. Élections Ontario a indiqué que 19 circonscriptions ont été touchées, retardant le dépouillement.

Une source au fait du dépouillement des votes a déclaré à La Presse Canadienne que les extensions se produisaient pour plusieurs raisons, notamment l’ouverture tardive de certains bureaux de vote et d’autres ayant dû changer d’emplacement en raison de problèmes techniques ainsi que de pannes de courant.

Élections Ontario avait averti les électeurs de changements d’emplacement de «dernière minute» dans certains bureaux de vote après le début de la journée. Il encourageait les électeurs à vérifier sur son site web ou son application pour confirmer les emplacements avant de se rendre aux urnes.

Par ailleurs, Élections Ontario avait réglé plus tôt un problème qui empêchait la transmission de données sur les électeurs aux partis politiques pendant une grande partie de la matinée de jeudi après l’ouverture des bureaux de vote.

Le problème n’a pas affecté les bureaux de vote pour les électeurs, mais plutôt les informations transmises aux partis pour leur faire savoir qui a voté ou non.

Ces données sont utilisées par les partis pour déterminer qui ils doivent essayer de convaincre de se rendre aux bureaux de vote.

Plusieurs partis ont déclaré à La Presse Canadienne qu’ils avaient reçu une mise à jour jeudi matin, mais qu’il était censé y avoir des lots d’informations sur les électeurs envoyés automatiquement toutes les 15 minutes.

Ces données n’ont commencé à circuler que peu après 14h00.

«On peut dire que notre efficacité a été grandement affectée — des bénévoles se seraient rendus chez des gens qui avaient déjà voté NPD», a indiqué la porte-parole du NPD Erin Morrison.

Les partis pouvaient toujours recueillir ces informations à la main dans les bureaux de vote.

«Cela ne nous a pas vraiment affectés», a dit la porte-parole du Parti libéral, Beckie Codd-Downey.

Le Parti vert de l’Ontario a déclaré qu’il s’était tourné vers l’obtention de données par des sondages en personne.

Élections Ontario a déclaré que plus d’un million de personnes avaient voté par anticipation le mois dernier et a également noté une forte augmentation des bulletins de vote par correspondance demandés par rapport à l’élection de 2018.

Des trousses de votation ont été envoyées par la poste à 126 135 électeurs admissibles cette fois-ci, contre 15 202 bulletins de vote lors de la dernière élection.