Ottawa évoque une éventuelle aide à CBC/Radio-Canada

Ottawa envisage de venir en aide à CBC/Radio-Canada alors que le diffuseur public projette des compressions majeures, notamment la suppression de 10% de ses effectifs, afin de combler un déficit budgétaire de 125 millions $.

«Par les années passées, on a mis de l’argent dans CBC/Radio-Canada pour combler le déficit structurel. Donc il y a une décision budgétaire aussi qui va venir», a déclaré la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, à son arrivée à la réunion du caucus libéral, à Ottawa.

Au gouvernement, on indique avoir versé une aide supplémentaire de 21 millions $ pour chacune des trois dernières années.

Mme St-Onge a également mentionné qu’«une décision est en attente» à savoir si et à quel point la société d’État sera touchée par les économies de 3% qu’Ottawa annonçait dans son dernier budget vouloir trouver dans les ministères et organismes.

«Quand on va être prêt à dire qu’est-ce qui va arriver du côté de CBC/Radio-Canada, on va le faire», s’est contentée de mentionner la ministre.

Devant un comité parlementaire, mardi, la présidente-directrice générale du radiodiffuseur public, Catherine Tait, avait refusé d’écarter que des bonis soient versés aux cadres pour l’année courante.

Questionné à ce sujet, dans le foyer de la Chambre des communes, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’y est pas allé par quatre chemins. «Je pense qu’elle devrait se faire montrer la porte», a-t-il simplement répondu.

Mme St-Onge, qui s’est présentée quelques instants plus tard devant les journalistes, n’a pas voulu réitérer sa confiance dans la PDG, mais a néanmoins jugé que «Mme Tait a un rôle à jouer» dans la période difficile que le diffuseur public traverse comme «l’ensemble des médias canadiens».

Dans un courriel à La Presse Canadienne, CBC/Radio-Canada a indiqué que la réduction des dépenses de 3% représente 38 millions $ à terme dans trois ans.

Les bloquistes et les néo-démocrates estiment que le diffuseur public doit être exempté des compressions de 3%.

Les conservateurs ont évité de se prononcer sur la question, mais promettent d’abolir le financement public du réseau anglais et de transformer son siège social de Toronto en logements s’ils sont portés au pouvoir.

Et alors que des décisions sont à être prises, le gouvernement libéral réitère qu’il souhaite redéfinir le mandat de CBC/Radio-Canada avant les prochaines élections afin de prémunir le radiodiffuseur public contre un éventuel changement de gouvernement à Ottawa.

Encore mercredi, la ministre St-Onge insistait sur le «déficit structurel annuel» qu’encaisse le diffuseur public, notamment en raison de la baisse des revenus publicitaires. «Donc moi, je me projette vers l’avenir pour assurer la durabilité», a-t-elle dit.

CBC/Radio-Canada a annoncé au début décembre la suppression de 600 emplois et l’abolition de 200 postes vacants. La société d’État estime que cela permettra d’épargner 60 millions $. Le reste du déficit serait absorbé par des compressions de 25 millions $ dans des dépenses discrétionnaires et 40 millions des productions indépendantes.

Au gouvernement fédéral, des sources avaient indiqué que les compressions étaient «prématurées», voire «un peu ridicules». Elles laissaient entendre que CBC/Radio-Canada n’a «aucune indication» que son budget serait amputé.

En tant que société d’État, CBC/Radio-Canada fonctionne indépendamment du Parlement. Le diffuseur reçoit environ un milliard de dollars de financement fédéral chaque année.