Plan d’Hydro-Québec: le milieu des affaires demande de la prévisibilité

MONTRÉAL — Le Plan d’action 2035 d’Hydro-Québec exercera une pression énorme sur le marché du travail et le milieu des affaires «demande de la prévisibilité», a souligné la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) qui accueillait mardi le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia.

Les Québécois ont «l’occasion de créer un projet de société» et «c’est le temps de travailler ensemble», a lancé le PDG d’Hydro-Québec aux gens d’affaires réunis dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

Michael Sabia a souligné que «la main-d’œuvre est le plus gros défi» pour réussir à décarboner l’économie et pratiquement doubler la production d’électricité d’ici 2050.

Environ 35 000 travailleurs de la construction par année devront être mobilisés pour la réalisation des nouvelles infrastructures, selon les estimations du plan.

Lors d’une discussion devant des centaines de représentants du milieu des affaires, le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc, a fait remarquer à Michael Sabia que la main-d’œuvre était sans doute le défi sur lequel il avait «le moins de contrôle».

«Ce n’est pas mon défi, c’est notre défi», a répondu le PDG de la société d’État.

«Ce sont les Québécois qui vont décider, c’est la raison pour laquelle ce processus de collaboration est tellement important» et «si on est sérieux quand on dit qu’on veut décarboner», alors il faudra plusieurs changements.

Ainsi, selon M. Sabia, il faut «accélérer la formation, décloisonner les emplois, attirer plus de travailleurs et leur donner les meilleurs outils pour rendre nos chantiers plus productifs».

Martin St-Louis explique la transition énergétique

Lorsque M. Leblanc a demandé à M. Sabia comment il compte convaincre les citoyens de soutenir son plan, le PDG d’Hydro-Québec a présenté une vidéo publicitaire qui sera bientôt diffusée à grande échelle.

La publicité, qui met en scène l’entraîneur du Canadien de Montréal, Martin St-Louis, sur une patinoire, a pour objectif de résumer ce que signifie la transition énergétique.

«Pour passer des énergies polluantes à l’électricité propre, ça prend un bon plan de match. La défense, c’est mieux consommer notre énergie. Il faut que tout le monde joue sa « game dans la game », même les gros joueurs», explique l’entraîneur du CH en faisant référence aux grandes industries.

«Mais pour la mettre dedans, ça prend aussi une bonne attaque et pour ça, il faut produire plus d’hydroélectricité, d’éolien, de solaire», énumère également Martin St-Louis en tirant des rondelles dans un filet.

Dans les prochains mois, Hydro-Québec compte rencontrer des intervenants des communautés autochtones, du milieu syndical et de la construction, des municipalités et des gens d’affaires pour discuter de son nouveau plan.

Michael Sabia a expliqué que 35 000 travailleurs de la construction seront nécessaires «en moyenne d’ici 2035», mais au sommet, les besoins atteindront 55 000 travailleurs par année, ce qui représente «20 % de tous les travailleurs en construction».

Une pression énorme sur le marché

La création d’autant d’emplois créera une énorme pression sur le marché du travail, a souligné le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc.

«En écoutant Michael Sabia, je me suis dit « mon Dieu, si j’avais des travaux à faire, je les ferais faire tout de suite ». Parce que c’est clair que la demande pour des travailleurs dans le domaine de la construction va augmenter considérablement. C’est majeur comme pression sur le marché du travail», a indiqué M. Leblanc lors d’un point de presse après sa rencontre avec M. Sabia.

«L’élément clé» pour réussir à combler autant de postes, selon Michel Leblanc, c’est la prévisibilité.

«Plus on va être en mesure de dire combien on a besoin de travailleurs et quels types de travailleurs on veut, plus ça va donner à la fois un signal aux cégeps, aux universités, mais aussi aux écoles de métier,  sur les nombres d’individus à former.»

Il ne suffit pas de réussir à attirer les jeunes vers ces types de formations, a expliqué Michel Leblanc, il faut aussi considérer l’impact que ces futurs emplois auront sur les autres secteurs.

La création de dizaines de milliers de nouveaux emplois devrait provoquer un déplacement des emplois existants dans certains secteurs.

«Ça amène des choix difficiles parce que ça veut dire qu’il y a des types d’emplois qu’on aura de la difficulté à combler. (…) On l’a vu dans le domaine de la restauration où il a fallu que les salaires augmentent, parce que sinon, la restauration ne trouvait pas son personnel.»

Michel Leblanc croit que «l’automatisation d’une partie de l’économie pour libérer des travailleurs» pourrait représenter une solution.

Pour combler les nouveaux emplois, le Québec devra également se tourner vers l’immigration, «que ce soit les travailleurs temporaires ou permanents», a indiqué Michel Leblanc lors du point de presse.