Plus de 60 000 curieux font la file à Montréal pour emprunter le REM

MONTRÉAL — Ce sont finalement plus de 60 000 personnes qui ont fait la file samedi pour monter à bord du tout nouveau Réseau express métropolitain, ou REM, à Montréal et sur la Rive-Sud. Certains usagers du transport en commun venaient découvrir leur nouvel itinéraire, mais de nombreux curieux se sont aussi présentés uniquement pour s’émerveiller devant le nouveau système de train léger.

Le premier tronçon du système de train électrique sans conducteur tient cette fin de semaine une opération charme à portes ouvertes, avant son lancement officiel lundi. Cinq stations sont ouvertes sur le segment reliant le centre-ville de Montréal à Brossard.

Ce tronçon marque la première partie de ce qui deviendra à terme un réseau de 26 stations s’étendant sur 67 kilomètres, représentant le plus grand développement du transport en commun à Montréal depuis la construction du métro, dans les années 1960.

Vers 13 h, le REM a indiqué dans un message publié sur Twitter que plus de 20 000 personnes avaient déjà emprunté les nouveaux trains depuis la matinée. Afin que toutes les personnes déjà dans le réseau puissent retourner à leur point de départ, les organisateurs ont indiqué qu’ils n’acceptaient plus de nouveaux passagers pendant l’après-midi.

En soirée, le REM a dressé son bilan final: 60 000 passagers ont voyagé à bord des trains pour la journée en entier. «Avec ce fort achalandage, nous avons dû inviter les gens à ne plus se déplacer à nos portes ouvertes. Prévoyez une forte affluence demain (dimanche) pour la dernière journée des portes ouvertes. Merci pour votre enthousiasme», a ajouté le REM.

L’ouverture du REM a été une occasion particulièrement spéciale pour Jean-Pierre Nadeau, qui a participé à l’inauguration du métro en 1967, alors qu’il avait 15 ans.

«C’est merveilleux», a-t-il affirmé à propos du REM, alors qu’il attendait avec sa famille un train à la gare Centrale de Montréal. Retraité, il n’envisage pas d’utiliser fréquemment le système de train léger, mais il attend avec impatience la fin de sa réalisation. «Ça prenait ça pour désengorger les autoroutes», a-t-il souligné.

Les responsables affirment que le trajet du REM entre Montréal et Brossard prend 18 minutes, soit 20 à 30 minutes de moins que le trajet en voiture aux heures de pointe.

Trois autres tracés du REM sont toujours en construction, dont des lignes vers les municipalités de banlieue à ouest et au nord de Montréal, qui devraient ouvrir vers la fin de 2024, et une liaison aéroportuaire qui ne sera opérationnelle qu’en 2027.

Renato Rocha, qui vit à Brossard et qui est venu samedi essayer le REM, avant son trajet hebdomadaire au centre-ville de Montréal pour le travail, a évoqué qu’il est déjà enthousiasmé par l’arrivée d’une nouvelle option de transport en commun.

«Ça a l’air d’être une bonne option à partir de maintenant, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il était impatient que le reste du réseau du REM soit lancé. Il en manque beaucoup à faire encore. Dans quelques années, ça va être exceptionnel.»

D’autres passagers ont dit qu’ils attendaient avec impatience un nouvel accès sans voiture aux activités de loisirs, comme Marie-Thérèse Pham, qui vit à Montréal et qui prévoit d’utiliser le REM pour des excursions à vélo le week-end.

Aleksey Zaitsev, qui était à la gare Centrale avec ses enfants, s’est dit ravi d’avoir une gare près de chez lui sur l’île des Sœurs, une partie de Montréal qui n’avait auparavant pas de liaison ferroviaire avec le reste de la ville.

«C’est très excitant pour nos enfants de se rendre en ville pour des événements, a-t-il dit. Nos enfants ont grandi sur l’île, c’est donc un changement formidable et bienvenu.»

D’autres passagers du REM ont déclaré être venus simplement pour admirer les trains automatisés, sans conducteur, et les paysages qu’ils offrent depuis leurs voies surélevées.

«Dans les airs le sentiment est un peu étrange, a raconté Maxime Bouchard-Lévesque, à propos de l’expérience de passer au-dessus de la circulation automobile. J’imagine qu’on va s’habituer.»

«Nous ne sommes jamais allés à Brossard», a déclaré Laurel Ovenden, de Montréal, qui, avec Alex Busby, est venue essayer le REM avec ses amis et sa famille.

Toutefois, Hélène Bounoua, une retraitée qui vit à Greenfield Park, près de Brossard, a affirmé qu’elle craint que les usagers soient découragés par la nécessité de se déplacer entre les autobus, le REM et le métro de Montréal pour accéder à la majeure partie de la ville.

Matthew Adler réserve également son évaluation de l’efficacité du REM pour plus tard. «Nous verrons comment cela réduira la congestion sur les ponts, a-t-il dit. Cela a certainement du potentiel.»

«Nous le saurons dans les cinq à dix prochaines années», a-t-il renchéri. 

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.