Québec double les montants alloués à la lutte contre l’homophobie et la transphobie

MONTRÉAL — «Nous voulons faire plus que survivre. Nous voulons vivre.»

James Galantino, directeur général du Conseil québécois LGBT, n’a pas hésité à lancer ce cri du cœur alors qu’il participait à la présentation du nouveau Plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie du gouvernement du Québec, jeudi à Montréal.

La ministre responsable de la Condition féminine et chargée de cette lutte, Martine Biron, a estimé que le nouveau plan, dont l’enveloppe a été doublée pour atteindre 24,7 millions $ sur cinq ans, était devenu essentiel «dans un contexte particulièrement difficile en ce moment avec les communautés LGBTQ». 

«Honnêtement, le discours haineux américain anti-LGBTQ m’inquiète énormément, a répété à quelques reprises Mme Biron. Je voulais que ce plan de lutte soit une réponse, une façon de travailler, de nous amener à contrer la montée de la violence, la montée de l’intimidation, la montée de l’intolérance.»

Apostrophés sur la rue

Bien qu’elle constate une polarisation du débat chez nos voisins du sud, elle reconnaît aussi que «ça monte tranquillement ici». Les leaders des groupes communautaires, dit-elle, rapportent que les membres de la communauté LGBTQ+ se font apostropher dans la rue, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les propos dérogatoires, qui étaient surtout confinés sur les réseaux sociaux, sont maintenant affirmés sans retenue dans la rue. «Elle est là, cette montée de la haine, de l’intimidation, alors il faut faire quelque chose», tranche Martine Biron.

«Cette montée de l’intolérance, c’est notre nouveau quotidien, confirme James Galantino. On le ressent et on le vit tous les jours. (…) L’efficacité de ce revirement social nous inquiète grandement.»

Ce sont les organismes comme le sien qui recevront la part du lion de la nouvelle enveloppe, soit 11 millions $. «Les organismes sont bons, connaissent bien leur clientèle. Parfois mieux que nous. On a besoin des organismes communautaires pour nous faire avancer et nous dire ce qui se passe sur le terrain», admet sans détour Mme Biron.

M. Galantino se réjouit de la teneur du plan, disant y reconnaître plusieurs des demandes des organismes. «Nous sentons que nous avons été entendus cette fois-ci.»

Mais s’il se réjouit de l’accroissement marqué des sommes qui s’y retrouvent, il n’a pas manqué de souligner que cette enveloppe est «quand même insuffisante pour régler l’enjeu du sous-financement que vivent les organismes LGBTQ+».

La sensibilisation au premier chef

Les grands objectifs du plan sont de soutenir l’intervention communautaire LGBTQ+, promouvoir le respect des droits des personnes issues de la diversité sexuelle et de genres ainsi que d’améliorer les pratiques administratives des services publics. Il comprend plus d’une quarantaine de mesures centrées sur la sensibilisation dans plusieurs secteurs d’activité et auprès d’intervenants dans tous les domaines, allant de l’éducation aux services policiers.

La députée Christine Labrie, responsable de ce dossier à Québec solidaire, salue le rehaussement du financement en matière de lutte à l’homophobie et la transphobie. Elle estime toutefois «décevant qu’on s’obstine à maintenir du financement par projet, alors que les organismes demandent que ce soit à la mission afin de les libérer d’un stress administratif important et d’assurer leur pérennité». Elle accueille par ailleurs très favorablement le fait qu’un «coup de barre soit donné en matière de prévention et de formations au sein de nos services publics».