RoseAnne Archibald démise de ses fonctions à l’Assemblée des Premières Nations

OTTAWA — RoseAnne Archibald a été démise de ses fonctions de cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN) après plus d’un an de tourmente concernant son leadership.

Le vote a eu lieu lors d’une assemblée extraordinaire des chefs, convoquée en partie pour discuter des conséquences d’une enquête des ressources humaines en lien avec des plaintes déposées par des membres du personnel de l’APN à l’encontre de Mme Archibald.

La résolution visant à l’évincer de son poste de cheffe nationale, un peu plus de deux ans après qu’elle soit devenue la première femme à occuper cette fonction, a été adoptée avec l’appui de 71 % des 231 chefs qui ont participé à la réunion virtuelle.

«Nous sommes impatients de nous remettre à l’important travail qui consiste à faire avancer les priorités des Premières Nations et à agir dans l’intérêt de nos communautés», a déclaré Paul Prosper, chef régional de l’assemblée pour la Nouvelle-Écosse, dans un communiqué.

«Nous adressons nos meilleurs vœux à RoseAnne Archibald pour ses projets futurs.»

L’APN indique que le poste de chef sera vacant jusqu’à ce qu’un chef national intérimaire soit choisi au sein du comité exécutif, et qu’une élection devrait avoir lieu lors d’une assemblée spéciale des chefs en décembre.

Mme Archibald n’a pas pu être jointe immédiatement pour obtenir ses commentaires mercredi.

Les turbulences au sein de l’organisation nationale, qui représente plus de 600 Premières Nations, sont liées à des enquêtes menées par des tiers sur cinq plaintes déposées par des membres du personnel de l’APN à l’encontre de Mme Archibald.

Le préambule d’une version préliminaire de la résolution adoptée mercredi, que l’APN a mise en ligne avec l’ordre du jour de la réunion à huis clos, indique que les enquêteurs ont remis cinq rapports au comité exécutif en avril. Le texte précise que les enquêteurs ont constaté que Mme Archibald avait «enfreint les exigences de confidentialité».

Le préambule indique également que Mme Archibald a ensuite publié sur les médias sociaux qu’elle avait été «blanchie» par les rapports, ce qui, selon le préambule, signifie qu’elle a «déformé» les conclusions des enquêteurs.

«En déclarant qu’elle était ‘‘blanchie’’,la cheffe nationale semble minimiser ses actes répréhensibles et ne pas assumer la responsabilité de ses actes», peut-on lire dans le préambule.

Les querelles intestines au sein de l’organisation se sont manifestées publiquement en juillet dernier, lors d’un rassemblement à Vancouver, lorsque Mme Archibald s’est présentée malgré sa suspension temporaire.

Après que les chefs ont rejeté une résolution d’urgence visant à confirmer sa suspension, Mme Archibald a exprimé sa gratitude, affirmant qu’elle avait été injustement suspendue parce qu’elle avait tenté d’enquêter sur la corruption à l’intérieur de l’assemblée.

Les premiers ministres du Canada devraient rencontrer les dirigeants autochtones nationaux le 10 juillet, avant leur réunion d’été à Winnipeg. L’APN doit tenir son assemblée générale annuelle à Halifax du 11 au 13 juillet.

Le premier ministre fédéral Justin Trudeau a été interrogé plus tôt mercredi sur la possibilité que Mme Archibald soit démise de ses fonctions de cheffe de l’APN, mais il a laissé entendre qu’il serait inapproprié pour lui de faire des commentaires.

«L’un des principes coloniaux qu’il est si important pour les gouvernements d’éliminer est l’idée que nous devrions avoir des opinions ou même une position publique sur la façon dont les communautés autochtones, les peuples des PremièresNations, choisissent de se gouverner», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Mississauga, en Ontario.

«Notre responsabilité est d’être là en tant que partenaires pour aller de l’avant», a ajouté M. Trudeau.

«Je peux vous assurer que ce gouvernement sera toujours là pour travailler avec l’Assemblée des Premières Nations et ses dirigeants, quels que soient […] les vainqueurs ou les personnes qui agissent au sein de ces dirigeants.»