Si Donald Trump redevient président, Justin Trudeau croit que «ce ne sera pas facile»

MONTRÉAL — Justin Trudeau s’attend à des relations difficiles avec les États-Unis si jamais Donald Trump revient au pouvoir. 

Au lendemain des caucus de l’Iowa, qui ont lancé la course à l’investiture du Parti républicain aux États-Unis avec une victoire écrasante de l’ex-président Trump, Justin Trudeau n’a pas caché que ça n’avait pas été facile avec le président Trump la première fois, «et s’il y a une deuxième fois, ça ne sera pas facile non plus». 

Le premier ministre a fait ce commentaire à la toute fin d’un entretien avec le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, devant un parterre de 650 personnes invitées par l’organisme pour le petit déjeuner. 

M. Trudeau a toutefois pris soin d’ajouter que les relations avec n’importe quel président américain représentaient «toujours un grand défi». «Même ceux comme Barack (Obama) ou Joe (Biden), avec lesquels j’ai énormément d’atomes crochus», défendent toujours les intérêts américains d’abord, a-t-il dit, prenant notamment pour exemple l’interminable conflit sur le commerce du bois d’œuvre. 

Ces atomes crochus sont toutefois inexistants dans le cas de Donald Trump, avec qui «il y a des choses sur lesquelles je ne m’entends pas», surtout en matière d’environnement et d’investissement, a-t-il précisé. 

Sans donner de détails, Justin Trudeau a affirmé que son gouvernement «va être prêt pour le choix que vont faire les Américains» et que, quel que soit ce choix, sa première responsabilité sera «de démontrer et de défendre les intérêts des Canadiens face aux intérêts américains». 

Le premier ministre a campé le choix à venir des Américains entre «un État optimiste et engagé dans l’avenir» et «un recul, une nostalgie pour un moment qui n’a jamais existé, un populisme qui reflète beaucoup d’angoisse et de furie que les gens vivent sans nécessairement offrir des solutions». 

Le premier ministre est toutefois allé beaucoup plus loin, soulignant que la polarisation qui s’est développée aux États-Unis tend à s’étendre en Europe. «On voit un glissement démocratique, un recul des valeurs démocratiques à travers le monde à bien des niveaux. Il faut se souvenir que ce n’est pas automatique une démocratie, ça se préserve, ça se défend», a-t-il averti. 

Puis, il a terminé la rencontre en transposant ce débat ici même, tout en évitant soigneusement de nommer son adversaire conservateur, Pierre Poilievre. «Dans deux ans, ici au Canada, on va faire un choix semblable, on va avoir un choix semblable à faire: « Est-ce qu’on avance pour défendre la démocratie, nos principes? Est-ce qu’on continue à lutter contre les changements climatiques? On défend les droits individuels? On défend les minorités? Ou bien est-ce qu’on recule en arrière parce que on est trop fâché de tout ce qui se passe dans le monde autour de nous? »» 

Il a alors invité les gens d’affaires à se demander ce qui leur importait davantage: «La stabilité des investissements, une perspective optimiste vers l’avenir ou une peur et une colère qui l’emportent?»