Transport collectif: «plus facile pour les maires de quêter à Québec», dit Legault

QUÉBEC — Il est «toujours plus facile pour les maires de quêter» auprès du gouvernement «que de faire le ménage dans leurs dépenses», a déclaré jeudi le premier ministre François Legault, pressé par les Villes d’éponger les déficits des sociétés de transport municipales.

Il prenait ainsi la défense de sa ministre des Transports, Geneviève Guilbault, attaquée de toutes parts pour ses déclarations controversées. 

Dans la région métropolitaine de Montréal, le manque à gagner est estimé à 561 millions $, mais la ministre avait laissé entendre mercredi que ce n’était pas à elle de gérer le transport collectif au Québec. 

«Je ne fais pas confiance en Mme Guilbault», a riposté le maire de Québec, Bruno Marchand, encore irrité par la décision du gouvernement d’avoir retiré à sa Ville le projet de tramway pour le confier à la Caisse de dépôt et placement.   

«Il n’y a pas de vision de la mobilité durable. Les transports, pour elle, c’est de développer des routes. Avec ça, on revient au ‘Temps d’une paix’ de Joseph-Arthur», a-t-il poursuivi, en évoquant ainsi un téléroman célèbre qui se déroulait dans les années 1920.

«J’ai totalement confiance en Geneviève Guilbault, maintenant, ce que je dis à Bruno, c’est: regardons en avant», a dit M. Legault, au cours d’une annonce dans la capitale où le maire était présent. 

«Je comprends que les maires voudraient avoir plus d’argent du gouvernement du Québec. Je tombe pas sur le derrière, ça fait assez longtemps que je suis en politique pour savoir que pour les maires, c’est toujours plus facile de quêter à Québec que de faire le ménage dans leurs dépenses.»

Il a dit que son gouvernement allait poursuivre les discussions avec les municipalités, qui doivent «faire leur part», a-t-il insisté. 

En conférence de presse, il a refusé de préciser où elles devaient «faire le ménage», tout en rappelant que leurs employés sont payés 30 % plus cher que ceux de la fonction publique québécoise.

À la période des questions, le chef caquiste a dû affronter les nombreuses attaques des partis d’opposition.

«Est-ce qu’il considère que c’est le rôle de son gouvernement d’avoir une vision en matière de transport et d’en prendre la responsabilité ou est-ce qu’il considère que ce n’est pas à lui de gérer ça?» a demandé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. 

«Est-ce que le chef du PQ est en train de nous dire que la Société de transport de Montréal, la Société de transport de Laval, les sociétés de transport devraient être gérées par le gouvernement du Québec?» a répliqué M. Legault. 

Le premier ministre a rappelé que son gouvernement finance 48 % des dépenses d’exploitation des sociétés de transport, par rapport à 39 % sous les libéraux. 

Il est donc bien normal que le gouvernement ait son mot à dire avant d’éponger les déficits, a laissé entendre Geneviève Guilbault, qui a d’ailleurs demandé un audit sur les sociétés de transport. 

Elle a tenu à préciser ses propos de la veille: quand elle a évoqué que l’État n’avait pas à se mêler de la gestion du transport collectif, elle entendait l’exploitation, la desserte des lignes, l’embauche, les conventions collectives, l’entretien, etc.  

Ces décisions sont prises par les gestionnaires des sociétés de transport, a-t-elle rappelé. 

«Malgré tout, on paie une grande part de leurs déficits. Est-ce que (le député de l’opposition) trouve ça normal que les déficits des sociétés de transport soient systématiquement refilés au gouvernement et que nous, on devrait les payer systématiquement sans demander de comptes à rendre?»