Trois motoneigistes ont perdu la vie lors d’une possible avalanche en Gaspésie

Trois hommes de l’Estrie qui étaient en visite en Gaspésie pour faire de la motoneige ont perdu la vie mardi soir lorsqu’ils auraient été surpris par une avalanche sur le mont Médaille.

Les trois hommes dans la trentaine faisaient partie d’un quatuor de motoneigistes qui se trouvaient dans les Chic-Chocs mardi après-midi. Vers 17 h 30, un quatrième membre du groupe a appelé les services d’urgence pour signaler la disparition de ses trois compagnons.

Guy Bernatchez, représentant de la MRC de la Haute-Gaspésie, a affirmé que l’incident a ébranlé une région où les sports d’hiver de plein air et la motoneige hors-piste sont un mode de vie pour plusieurs.

«C’est une tragédie extraordinaire pour nous parce que ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent», a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique.

De nombreux bénévoles locaux se sont joints à la police et aux pompiers pour rechercher les trois hommes, a raconté M. Bernatchez.

Le bureau du coroner a indiqué mercredi que Joël Crête, 35 ans, et Nicolas Vanasse, 30 ans, de Coaticook, ainsi que Bryan Forgues Morissette, 33 ans, de Saint-Denis-de-Brompton, sont morts dans l’accident.

La Sûreté du Québec a déployé sur les lieux une équipe de sauveteurs de sa Division des services spécialisés en mesures d’urgence, dont les membres sont notamment préparés à répondre aux situations d’avalanches. Des pompiers et des ambulanciers locaux ont aussi participé aux recherches.

Les trois hommes portés disparus ont été retrouvés plus tard dans la soirée et déclarés morts à l’hôpital, a indiqué le porte-parole de la police, le sergent Frédéric Deshaies. Une enquête est en cours pour déterminer les causes exactes et les circonstances de leur décès, a-t-il ajouté.

Dominic Boucher, directeur général d’Avalanche Québec, un organisme à but non lucratif qui œuvre pour prévenir les blessures et les décès dus aux avalanches, a affirmé que l’avalanche s’est produite sur une section de terrain public populaire auprès des skieurs de fond et des motoneigistes. Selon lui, l’organisation enquête toujours sur ce qui s’est passé, mais il est probable que les victimes aient elles-mêmes déclenché l’avalanche, comme c’est le cas dans 80 % des cas.

Dans une entrevue, il a décrit le manteau neigeux comme un mille-feuille avec des couches faibles et fortes empilées les unes sur les autres.

«Parfois, une couche faible doit supporter les couches supérieures les plus résistantes, et parfois il suffit d’un ajout de poids, d’une charge qui peut être une chute de neige, un réchauffement de la température, de la pluie ou le passage d’une personne» pour déclencher une avalanche, a-t-il expliqué.

Bien que les avalanches soient plus souvent associées à des chaînes de montagnes plus grandes que les sommets du Québec, quelque 80 personnes en sont mortes dans la province depuis 1825, dont plus récemment un skieur de fond dans la région de Gaspé en 2020, a indiqué M. Boucher. Six skieurs ont également été blessés, dont un, grièvement, lors d’une avalanche sur le mont Albert, en Gaspésie, en 2019.

M. Boucher a expliqué que la zone où s’est produite l’avalanche de mardi est risquée pour la même raison qu’elle est populaire auprès des amateurs de hors-piste: elle manque de végétation.

«S’il n’y a pas d’arbres, il n’y a pas d’ancrage pour la neige, a-t-il indiqué. Et s’il n’y a pas d’ancrage pour la neige, eh bien il y a des conditions avalancheuses favorables si on se retrouve sur une pente suffisamment raide.»

Il a exhorté les amateurs de hors-piste à suivre un cours de sécurité proposé par diverses associations d’avalanches, à emporter du matériel de sauvetage et à vérifier les conditions météorologiques et les rapports d’avalanches.

L’avalanche la plus meurtrière de l’histoire de la province s’est produite dans le nord du Québec le 1er janvier 1999, lorsque neuf personnes sont mortes et 25 ont été blessées après qu’une avalanche a traversé le mur d’une école de Kangiqsualujjuaq, où les gens s’étaient rassemblés pour marquer la nouvelle année.

Bien que cela ne soit pas lié à une avalanche, il y a également eu des tragédies en motoneige au Québec, notamment en 2020, lorsque six hommes, dont cinq touristes français, sont morts après que plusieurs de leurs motoneiges ont plongé dans des eaux glacées alors qu’ils roulaient hors-piste dans la région du Lac-Saint-Jean.