Un ancien responsable de la GRC parle de tensions entre deux unités de renseignements

OTTAWA — Un ancien haut responsable de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) reconnaît qu’il y avait des tensions de temps à autre entre une unité de renseignements qu’il dirigeait et celle gérée par Cameron Jay Ortis, accusé d’avoir enfreint la Loi sur la protection de l’information.

Warren Coons, aujourd’hui surintendant principal à la retraite, était responsable du Centre national de coordination du renseignement, une unité de la GRC qui visait à suivre les tendances émergentes intéressant le corps de police.

À l’époque, M. Ortis était directeur du Groupe de la recherche opérationnelle de la GRC, qui avait accès à des renseignements hautement classifiés.

M. Coons a déclaré vendredi au jury du procès de M. Ortis, devant la Cour supérieure de l’Ontario, que la relation entre les deux unités n’était pas conflictuelle, mais qu’elle n’était pas solide.

«Dans un environnement de travail très stressant, ce n’est pas rare», a affirmé M. Coons, lors du contre-interrogatoire de l’avocat de la défense, Mark Ertel.

La Couronne allègue que M. Ortis a envoyé anonymement des informations secrètes en 2015 à des personnes qui présentaient un intérêt pour une enquête de la GRC.

M. Ortis, âgé de 51 ans, a plaidé non coupable d’avoir violé Loi sur la protection de l’information, en ayant prétendument révélé des secrets à trois personnes et en tentant de le faire dans un quatrième cas.

L’enquête qui a permis de remonter jusqu’à M. Ortis a commencé en 2018 lorsque la GRC a analysé le contenu d’un ordinateur portable appartenant à Vincent Ramos, président-directeur général de Phantom Secure Communications, alors été arrêté aux États-Unis.

Un effort de la GRC connu sous le nom de Projet Saturation a révélé que des membres d’organisations criminelles utilisaient les appareils de communication cryptés de Phantom Secure.

La Couronne affirme que la GRC a découvert, après de nombreuses recherches techniques, des preuves selon lesquelles M. Ortis avait communiqué des secrets à Ramos et à d’autres cibles de l’enquête.

Les avocats de M. Ortis ont indiqué qu’ils défendront que leur client avait le pouvoir de prendre les mesures qu’il a prises.

«Il est évident que toute cette affaire porte sur l’autorité — qui était aux commandes, qui était en mesure de donner les renseignements», a déclaré Me Ertel dans de brefs commentaires aux médias, vendredi.

Il a ajouté que d’autres facteurs à l’époque étaient les menaces contre le Canada, l’urgence de la situation, «l’échec des autres tentatives de la GRC pour résoudre ces problèmes et le scénario dans lequel M. Ortis s’est retrouvé en tant que directeur des opérations ».

Le Groupe de la recherche opérationnelle a rassemblé et développé des informations classifiées sur les réseaux criminels transnationaux, les cellules terroristes, les acteurs de la cybercriminalité et l’espionnage commercial.

La description du poste de M. Ortis, déposée au tribunal, indique que le directeur devait gérer un programme à haut risque fournissant des ensembles d’informations exploitables aux cadres supérieurs de la GRC.

M. Coons a rejeté la suggestion selon laquelle M. Ortis avait carte blanche dans son rôle.

«Je ne suis pas d’accord avec le fait que quiconque au sein de la GRC ait eu carte blanche pour faire quoi que ce soit en rapport avec les enquêtes criminelles, a dit M. Coons. Ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons, ce n’est pas la culture de la GRC.»

Jeudi, M. Coons a déclaré que M. Ortis n’avait jamais discuté avec lui de l’idée d’envoyer des informations secrètes à des cibles dans le cadre d’une opération d’infiltration.

M. Coons a souligné l’importance de respecter la confidentialité des documents classifiés et de respecter les conditions de diffusion de ces informations.

Il a affirmé que la communauté du renseignement repose entièrement sur la confiance, et que le partage d’informations sensibles sans autorisation peut signifier que les partenaires ne peuvent pas accéder à des documents supplémentaires.