Un conseiller municipal montréalais a vécu le tremblement de terre au Maroc

MONTRÉAL — Un conseiller municipal montréalais qui se trouve actuellement à Marrakech, au Maroc, dit être en sécurité, mais demeure secoué à la suite du puissant tremblement de terre qui a eu lieu vendredi et qui a tué plus de 2000 personnes dans ce pays d’Afrique du Nord.

Serge Sasseville est en vacances au Maroc. Il se trouvait tout juste à l’extérieur du centre de Marrakech au moment du séisme.

«Les gens buvaient, mangeaient… tout le monde s’amusait. Mais tout d’un coup, le cauchemar a commencé», raconte M. Sasseville au bout du fil depuis sa chambre d’hôtel.

«Je pensais que quelqu’un faisait une blague et enlevait le tapis de sous ma chaise, parce que c’était comme si le sol avait été balayé de sous mes pieds. C’était absolument incroyable», souligne-t-il.

M. Sasseville a vu des bâtiments endommagés et des gens se rassembler dans des parcs et des cours d’école alors qu’il retournait à son hôtel du centre-ville tôt samedi matin. Le quartier autour de son hôtel n’a pas été gravement endommagé.

L’épicentre du séisme se trouvait à environ 70 kilomètres au sud-ouest de Marrakech, selon l’US Geological Survey, une agence gouvernementale américaine qui mesure l’activité sismique. Il a frappé à 23 h 11, heure locale, vendredi.

Selon M. Sasseville, les gens autour de lui sont en sécurité, mais «toujours secoués».

Un communiqué d’Affaires mondiales Canada indiquait samedi qu’il n’était au courant d’aucun citoyen canadien blessé ou tué dans le tremblement de terre, et que la ministre fédérale des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a été en contact avec les membres du personnel de l’ambassade du Canada au Maroc, qui sont tous sains et saufs.

Jusqu’à présent, 4800 personnes se sont inscrites à l’ambassade du Canada au Maroc, a révélé la ministre Joly lors d’une entrevue avec CBC News. Elle a indiqué qu’au moins 31 Canadiens ont demandé des informations, mais qu’aucun d’entre eux n’a demandé de l’aide.

La ministre a exhorté les Canadiens qui se trouvent au Maroc à s’inscrire auprès d’Affaires mondiales Canada. Ceux qui ont besoin d’aide doivent contacter le Centre de veille et d’intervention d’urgence pour obtenir de l’aide consulaire.

«Je travaille avec mes équipes pour évaluer les besoins sur le terrain», a assuré la ministre Joly sur X.

Fiona Richards de Nelson, en Colombie-Britannique, qui est en vacances dans le vieux quartier de Marrakech, a raconté qu’elle et des amis de Vancouver se trouvaient dans la cour ouverte d’une maison lorsque les secousses ont commencé vendredi.

«Pendant le grondement, nous nous cachions sous une porte, nous serrant les uns contre les autres. Nous étions terrifiés, la maison tremblait si fort, c’était comme si les sols bougeaient», a témoigné Mme Richards lors d’un entretien téléphonique samedi.

«Il y avait des vagues dans la piscine, a-t-elle poursuivi. Nous pensions avec certitude que les murs allaient s’effondrer. Nous ne pensions pas nous en sortir sans dégâts.»

Lorsque tout s’est arrêté, «nous pouvions entendre des cris et des pleurs… c’était horrible», a raconté Mme Richards.

Leur maison de location s’est échappée avec seulement quelques nouvelles fissures, mais des briques sont tombées de la maison de leurs voisins et ils ont trop peur pour y retourner.

De nombreux bâtiments sont tombés, a-t-elle expliqué, et les gens dorment dehors, dans les rues ou dans d’autres espaces publics. Sur les marchés, les verreries des artisans sont toutes brisées.

Un bilan qui va s’alourdir

Ce séisme rare et puissant a fait au moins 2012 morts et environ 2059 blessés, mais ces chiffres devraient encore augmenter. La secousse d’une magnitude de 6,8 est la plus importante à avoir frappé le Maroc en 120 ans.

Abdelhaq Sari, un conseiller municipal montréalais d’origine marocaine, a soulevé samedi que les membres de la communauté locale avaient eu du mal à obtenir des informations auprès des zones rurales du pays à la suite de la catastrophe.

«Ce que je sais de la tragédie, c’est que dans les zones urbaines, on peut communiquer, on peut avoir des informations, a-t-il expliqué. Mais lorsque nous allons dans les zones rurales, c’est très difficile.»

M. Sari a indiqué avoir pu vérifier que les membres de sa famille sont en sécurité. Cependant, l’organisation caritative dont il est vice-président, Orphan Sun, a eu des difficultés à atteindre son réseau dans d’autres régions du pays.

Mohamed Moutahir, président de l’organisation – qui vient en aide aux orphelins africains et canadiens – a raconté avoir passé la nuit à essayer de contacter ses partenaires au Maroc.

«Je n’ai pas dormi, a-t-il avoué. J’étais en contact avec eux pour obtenir toutes les informations, tous les détails sur la manière dont nous pouvons les aider.»

M. Moutahir a souligné qu’il constatait déjà un «élan de solidarité» se mobilisant pour aider les victimes du séisme. M. Sari et lui appellent le gouvernement canadien à contribuer aux efforts d’aide.

«Le Maroc est un ami du Canada, a noté M. Sari. Si nous pouvons aider, ce sera très, très apprécié.»

Affaires mondiales Canada a déclaré qu’il est prêt à aider le peuple marocain en cette période difficile et la ministre Joly a demandé au ministère d’identifier la meilleure façon d’offrir ce soutien.

Il y a environ 100 000 Canadiens d’origine marocaine, selon le dernier recensement mené par le gouvernement fédéral, en 2021.

Environ 81 000 Canadiens d’origine marocaine vivent au Québec, et près de la moitié de cette population se trouve à Montréal.

«Je suis de tout cœur avec le peuple du Maroc à la suite du séisme dévastateur survenu hier (vendredi). Les Canadiens offrent leurs plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu des proches et pensent à tous ceux qui ont été touchés. On est prêts à aider de toutes les manières possibles», a assuré le premier ministre Justin Trudeau sur X samedi.

«Toutes mes pensées accompagnent le peuple marocain. Marrakech, Rabat, Casablanca, Agadir, Essaouira, toutes de magnifiques villes que j’ai visitées», a quant à lui écrit le premier ministre François Legault sur le même réseau social vendredi soir.

«Les images qui nous parviennent du Maroc, après que le pays ait été frappé par un séisme, nous brisent le cœur, a écrit la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Ce soir (vendredi), c’est toute une communauté qui est bouleversée. J’ai une pensée pour la population montréalaise d’origine marocaine. Nous sommes avec vous.»