Un événement pour mettre de l’avant la voix des femmes noires

MONTRÉAL — Des milliers de personnes sont attendues ce week-end au Salon international de la femme noire, dans le Vieux-Port de Montréal. L’événement, qui s’attardera particulièrement à l’environnement et à la justice sociale, veut notamment mettre de l’avant la voix des femmes noires et contribuer à la prospérité économique de leurs entreprises.

Pour sa sixième mouture, le salon prendra place, samedi et dimanche, sur deux étages au Grand Quai du Port de Montréal. Des stands d’entreprises variées, des panels et des conférences seront offerts aux visiteurs.

En plus de mettre de l’avant les femmes noires entrepreneures, l’événement «met en lumière des modèles afrodescendants qui brillent dans l’ombre», explique Dorothy Rhau, directrice générale et fondatrice d’Audace au féminin, l’organisme qui met sur pied le salon depuis ses débuts.

«Le salon, c’est un mouvement inclusif. C’est vrai qu’on s’adresse aux femmes noires, pour nous, c’est important qu’on découvre l’univers des communautés noires au travers du narratif de la femme noire, mais ce n’est pas exclusivement à nous», affirme Mme Rhau, qui est aussi une ancienne humoriste.

L’événement avait accueilli 4000 visiteurs l’année dernière. Cette fois-ci, Audace au féminin souhaite que 6000 personnes se présentent sur place.

«On croit sincèrement que, en mettant de l’avant la femme noire, on propose des solutions durables à plusieurs problématiques, que ce soit au niveau de l’économie, que ce soit au niveau de l’environnement. Si on règle à la base les inégalités qui affectent les personnes les plus opprimées, c’est toute la société qui va en bénéficier», poursuit Mme Rhau.

Le thème de l’environnement et de la justice sociale a été choisi cette année, puisque les voix des personnes racisées, et particulièrement noires, sont mises de côté lors des sommets et des rencontres sur l’environnement, alors qu’il s’agit des personnes les plus touchées par le réchauffement climatique, estime-t-elle.

«Qu’on parle de déserts alimentaires, qu’on parle de manque d’espaces verts dans certains quartiers occupés par des personnes noires. Nous, on a décidé de donner cette plateforme-là, de donner une voix à ces activistes au niveau de l’environnement, mais également, aussi, de céder une place au secteur agroalimentaire, en mettant en valeur des maraichers afrodescendants», détaille Mme Rhau.

En plus d’un marché fermier sur place, des panels et des ateliers concernant l’économie inclusive et durable, la gestion des déchets et les entreprises écoresponsables seront présentés.

La mode écoresponsable sera aussi mise de l’avant, alors que les visiteurs pourront acheter de nouveaux vêtements dans une portion du salon aménagé en friperie.

«Au niveau de la justice sociale, c’est sûr qu’on ne peut pas passer sous silence, cette année, c’est la dixième année du mouvement  »Black Lives Matter »(La vie des Noirs compte). Est-ce que ce mouvement-là, il s’essouffle? Est-ce que ce mouvement-là, maintenant, passe à un second plan, étant donné qu’on met beaucoup d’emphase sur l’environnement?», poursuit la directrice d’Audace au Féminin.

Mme Rhau indique que le racisme, «encore très présent» autant dans le monde du travail que dans le monde de l’éducation, sera également abordé.

Une programmation variée

Le Salon international de la femme noire se penche cette année sur des sujets variés, en plus du domaine de l’entrepreneuriat, ou de l’environnement et de la justice sociale.

Des stands abordant les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques font aussi partie de la programmation du salon.

«On va avoir des ateliers de robotiques, de  »coding », on va avoir des panels sur l’intelligence artificielle, on parle tellement de ChatGPT, donc on va en parler aussi», affirme Mme Rhau.

Un espace nommé «chambre à coucher» sera aussi consacré aux questions concernant l’intimité et la sexualité. «On veut détabouiser ces conversations-là auprès des femmes», dit Mme Rhau.

La variété des thèmes abordés lors du salon vise aussi à inspirer les femmes et les hommes (ils sont d’ailleurs les bienvenus au salon) noirs et à offrir une représentation diversifiée aux jeunes visiteurs.

«On voit aussi de plus en plus de femmes noires siéger sur des conseils d’administration, occuper des postes décisionnels, et on veut que ça devienne une normalité. Il ne faudrait plus que ce soit extraordinaire, évoque Mme Rhau. On veut que nos générations, que les plus jeunes enfants voient ça, et qu’ils se disent : moi aussi je veux y accéder. Et ça, on veut le faire dans toutes les sphères.»

Le salon «veut vraiment rendre les communautés noires plus fortes économiquement» en offrant une vitrine à de nombreuses entrepreneures.

«On avait fait venir une délégation d’entrepreneures du Sénégal l’année passée. Et cette année, tous leurs produits sont arrivés par bateau. Leurs produits vont être au salon. Donc, c’est vraiment dans le but, toujours, de pouvoir élever le statut socio-économique des femmes», illustre Mme Rhau.

Le Salon international de la femme noire remettra également le prix Viola Desmond à la directrice générale de la Maison d’Haïti, Marjorie Villefranche.