Une communauté autochtone de la C.-B. rachète le site d’un ancien pensionnat

WILLIAMS LAKE, C.-B. — Le site d’un ancien pensionnat pour Autochtones en Colombie-Britannique où l’on recherche actuellement d’éventuelles tombes anonymes a été racheté par la Première Nation de Williams Lake, avec l’aide du gouvernement provincial.

Le chef de la communauté, Willie Sellars, a déclaré que l’achat de la propriété privée garantissait notamment l’intégrité des recherches en cours. Ce rachat permet aussi, selon lui, de réfléchir à la manière d’honorer adéquatement les enfants disparus et tous ceux qui ont été enlevés de force à leurs familles pour fréquenter le pensionnat fédéral, sur une période de 90 ans. 

«Le conseil actuel et les conseils précédents de la Première Nation de Williams Lake ont depuis longtemps pour objectif de voir cette propriété préservée et protégée», a affirmé M. Sellars dans une déclaration.

Il a ajouté que le retour de la propriété sous le contrôle et la gestion des peuples autochtones est une étape importante dans la commémoration de l’histoire et de l’héritage du système des pensionnats en Colombie-Britannique.

Une enquête préliminaire avait permis de conclure en janvier dernier qu’il existait des preuves de crimes commis contre des enfants dans ce pensionnat. Par ailleurs, deux recherches distinctes utilisant un radar pénétrant dans le sol ont détecté la présence possible de 159 tombes non marquées sur ce site. 

Le pensionnat catholique, situé près de Williams Lake, à environ 500 km au nord-ouest de Vancouver, a été ouvert de 1891 à 1981.

Diverses communautés autochtones en Colombie-Britannique ont adopté des approches différentes à l’égard des anciens pensionnats qui se trouvent sur leur territoire. Les communautés d’Alert Bay et de Lower Post ont carrément démoli les bâtiments, alors que celles de Kamloops et de Williams Lake ont plutôt décidé de les conserver.

Un rachat de 1,2 million $

Le ministère des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation de la Colombie-Britannique a souligné que la Première Nation de Williams Lake avait acheté la propriété de 5,5 hectares pour 1,2 million $ à des propriétaires privés, avec une contribution de 800 000 $ de la part de la province.

Murray Rankin, ministre provincial des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation, a soutenu dans un communiqué que les survivants des pensionnats et leurs familles estiment que ces sites doivent être protégés parce qu’ils revêtent une grande importance pour le devoir de mémoire.

«La restitution de ces terres soutiendra le processus de vérité, de guérison et de commémoration, car elle permettra aux générations futures de connaître la véritable histoire de ce site et son impact sur les générations d’enfants qui ont été forcés de venir ici», a-t-il déclaré.

Des enfants de près de 50 communautés ont été emmenés à la Mission Saint-Joseph.

Le ministère rappelle que, dans les années 1980 et 1990, trois condamnations pénales très médiatisées ont été prononcées pour des agressions physiques et sexuelles commises à la Mission Saint-Joseph.

Les recherches à la Mission Saint-Joseph ont été lancées après qu’un radar pénétrant dans le sol a repéré ce que l’on estime être plus de 200 tombes dans un ancien pensionnat de Kamloops, en mai 2021, ce qui a entraîné des recherches et des découvertes similaires dans plusieurs provinces.

Le rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation, qui a documenté les expériences des personnes affectées par le système canadien des pensionnats, a révélé qu’au moins 4100 enfants sont morts alors qu’ils fréquentaient ces établissements.

– Par Dirk Meissner à Victoria.