Une enquête confirme que RoseAnne Archibald a commis du harcèlement au travail

OTTAWA — Une enquête sur des allégations contre l’ancienne chef nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN), RoseAnne Archibald, a conclu que la dirigeante évincée était coupable de harcèlement au travail et qu’elle avait créé un environnement de travail toxique.

Des enquêteurs de la firme Emond Harnden ont été retenus par l’APN en juin 2022 pour examiner quatre plaintes qui avaient été déposées à la mi-mai, et la portée de l’enquête a été élargie le 21 juin pour inclure une cinquième plainte.

Selon le rapport, les enquêteurs ont contacté Mme Archibald à plusieurs reprises pour la rencontrer à partir de la mi-août 2022, mais n’ont pu le faire qu’en novembre.

Le rapport, venu après plus de 30 entretiens avec des plaignants et des témoins, a été remis en avril au conseiller juridique de l’Assemblée, ce qui a mené à une assemblée spéciale mercredi dernier où les chefs ont voté pour chasser Mme Archibald de la tête de l’APN.

La résolution visant à l’évincer, un peu plus de deux ans après qu’elle soit devenue la première femme à occuper ce poste, a été adoptée avec le soutien d’environ 70 % des participants à la réunion virtuelle.

Cette éviction est survenue après plus d’un an d’agitation autour de son leadership.

Actes répréhensibles

Le rapport indique que la politique de l’APN et le Code canadien du travail empêchent la divulgation d’allégations précises de harcèlement. Il confirme toutefois que deux des cinq plaintes sur lesquelles il a enquêté ont abouti à des conclusions selon lesquelles la conduite de Mme Archibald «constituait du harcèlement».

Et dans les cinq cas, soutient le document, elle a commis des «actes répréhensibles» tels que définis par la politique de l’APN.

Le rapport indique que Mme Archibald a violé la politique sur le harcèlement et les dénonciateurs «en faisant ou en autorisant que soient faites des déclarations publiques sur les plaintes et les plaignants entre mai et août 2022».

Il mentionne également qu’elle «a exercé des représailles contre les plaignants» contrairement à la politique de l’APN en faisant ces déclarations publiques, causant du tort aux cinq plaignants.

«En faisant des déclarations qui remettent en question les motivations, les intentions et l’intégrité des membres du personnel qui ont porté plainte et en faisant cette suggestion dans un tel lieu public, la conduite du défendeur équivaut à des représailles», indique le rapport de synthèse.

Celui-ci détaille les accusations selon lesquelles Mme Archibald n’a pas maintenu et dirigé le personnel, l’a mal traité et a menacé ou tenté de dissoudre, démanteler ou dissoudre le personnel.

Il indique qu’une des plaignantes a déclaré aux enquêteurs que Mme Archibald ne voulait pas parler avec le personnel parce qu’elle ne faisait confiance à personne et «se demandait qui pourrait essayer de se débarrasser d’elle dans son nouveau rôle».

Une plaignante citée dans le rapport a déclaré qu’Archibald souhaitait qu’une réunion soit convoquée pour discuter de son projet de «faire tomber» le secrétariat de l’APN, qui fournit des services administratifs, techniques et de soutien aux membres.

Et le rapport cite également un plaignant qui a déclaré aux enquêteurs avoir subi une atteinte à sa réputation en raison des actions de Mme Archibald et avoir dû fermer des comptes de médias sociaux en raison de menaces de mort.

«En tant que chef de l’organisation, nous osons croire que (Mme Archibald) a une responsabilité supplémentaire de respecter et de se conformer à ses politiques» peut-on y lire.

Mme Archibald a toujours nié toutes les allégations portées contre elle.

Dans une vidéo de cinq minutes publiée sur Facebook lundi, RoseAnne Archibald demandait à ses partisans de dire à leurs chefs et à leurs conseils de la réintégrer dans son poste de chef nationale de l’APN. Elle qualifiait son éviction d’attaque «violente» contre «une femme leader autochtone des Premières Nations» et l’attribuait au fait qu’elle luttait contre la corruption à l’APN depuis octobre 2020.

Elle exhortait également ses partisans à veiller à ce que l’audit judiciaire de l’organisation nationale de défense des droits aille de l’avant.

«Je ne veux pas être réintégrée à cause de mon ego. Je veux être réintégrée parce que j’ai une responsabilité sacrée que je dois remplir», a assuré Mme Archibald.

Les querelles intestines au sein de l’organisation regroupant plus de 600 Premières Nations se sont manifestées publiquement en juillet dernier, lors d’un rassemblement à Vancouver, lorsque Mme Archibald s’est présentée bien qu’elle ait été temporairement suspendue.

Après que les chefs ont rejeté une résolution d’urgence visant à confirmer sa suspension, Mme Archibald a exprimé sa gratitude, affirmant qu’elle avait été injustement suspendue parce qu’elle avait tenté d’enquêter sur la corruption au sein de l’assemblée.

L’APN a déclaré que le poste de chef serait vacant jusqu’à ce qu’un chef national intérimaire soit choisi au sein du comité exécutif, et qu’une élection devrait avoir lieu lors d’une assemblée spéciale des chefs en décembre.