Une étude établit un lien entre l’obésité infantile et l’insécurité alimentaire

MONTRÉAL — L’insécurité alimentaire a un impact chez les enfants qui composent avec l’obésité, dévoile une étude produite par des chercheurs de l’Université Laval. Ces enfants répondent moins bien aux programmes visant à modifier leurs habitudes de vie. 

L’étude, parue dans The Journal of Nutrition, a analysé les données de 214 enfants suivis par la Maison de santé prévention-Approche 180, une clinique spécialisée sur le traitement de l’obésité infantile, à Montréal. Un programme multidisciplinaire y est offert aux enfants en surpoids. 

«On a analysé si le programme permettait des changements au niveau du poids corporel (…) en fonction du statut de sécurité alimentaire des ménages qui sont suivis à la clinique », explique Marie Cyrenne-Dussault, doctorante en sciences pharmaceutiques et première autrice de l’étude. 

Avant la rédaction de cet article, une précédente étude avait statué que la clientèle de la clinique était composée à 40% de personnes issues de familles en situation d’insécurité alimentaire. 

L’insécurité alimentaire est définie par la Santé publique du Québec comme un état « lorsque la disponibilité d’aliments sains et nutritifs, ou la capacité d’acquérir des aliments personnellement satisfaisants par des moyens socialement acceptables, est limitée ou incertaine». 

«On a constaté que d’une part, oui le programme permet des changements au niveau du poids corporel chez ces jeunes-là. Par contre, pour les enfants qui étaient en situation d’insécurité alimentaire, ce sont des changements qui étaient de moins grande ampleur», déclare Mme Cyrenne-Dussault. 

La probabilité que l’indice de masse corporelle d’un enfant en situation d’insécurité alimentaire diminue de façon significative lors d’un programme de changement des habitudes de vie est de 43% plus faible qu’un enfant n’étant pas dans cette même situation. 

Ce constat «permet de supposer que ces gens-là font probablement face à des barrières dans l’amélioration, entre autres, des habitudes de vie, qui est une composante importante de la clinique à Montréal», évoque Marie Cyrenne-Dussault. 

Les familles qui doivent composer avec l’insécurité alimentaire peuvent avoir plus de difficulté à obtenir des aliments sains et nutritifs en raison du prix élevé de l’épicerie, ou à octroyer de l’espace aux enfants pour qu’ils effectuent de l’activité physique, par exemple. 

«Ça souligne que les programmes de modifications d’habitudes de vie devraient prendre en compte le contexte socio-économique de ces familles-là, ce qui est souvent fait, mais pas toujours de façon systématique, dans le but justement d’optimiser l’efficacité de ces programmes-là», poursuit Mme Cyrenne-Dussault, en disant que les ressources dont disposent ces familles sont souvent limitées. 

Une hausse depuis plusieurs années

Au Canada, 30% des jeunes âgés de 5 à 17 ans doivent composer avec l’obésité infantile, détaille Marie Cyrenne-Dussault. 

«L’obésité infantile a connu une augmentation assez importante dans les dernières décennies», affirme-t-elle.

La présente étude démontre, selon elle, l’importance de prendre en compte les difficultés supplémentaires des enfants se trouvant en situation d’insécurité alimentaire. 

Mme Cyrenne-Dussault estime que l’étude «souligne l’importance de s’attarder à ce problème-là, qu’on sait qui a un peu pris de l’ampleur avec la pandémie». Elle poursuit ses recherches sur le sujet dans le cadre de son doctorat. 

«Notre article s’est axé sur les changements au niveau du poids. Mais bien sûr, on est conscient qu’actuellement les changements dans le poids, ce ne sont pas non plus les seuls indicateurs de succès d’un programme de changement de comportements. C’est entre autres pour ça qu’on va éventuellement évaluer au niveau des changements dans les habitudes de vie», précise-t-elle. 

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.