Une femme d’Edmonton sensibilise à l’itinérance sur TikTok

EDMONTON — Kora-lea Vidal, ancienne porte-offensive de l’équipe nationale de football du Canada, médaillée d’argent, dit qu’elle n’aurait jamais pensé qu’elle échapperait à la violence conjugale et qu’elle deviendrait sans-abri.

Mme Vidal, 36 ans, publie souvent des vidéos sur le réseau social TikTok, où elle compte près de 55 000 abonnés. Elle couvre des contenus difficiles, mais s’efforce également de «montrer qu’il y a une beauté dans la lutte».

«C’est intéressant parce que, quand je suis moi-même tombée dans l’itinérance, même s’il s’agit d’une lutte pour satisfaire ses besoins fondamentaux comme la nourriture, un abri et des douches, il y a aussi un étrange sentiment de liberté.»

Elle dit que ses problèmes l’aident à alimenter sa mission visant à éliminer la faim dans le monde, en commençant par certains quartiers difficiles du centre-ville d’Edmonton. En 2017, elle a lancé un mouvement humanitaire appelé Live Lifted, dédié à atteindre cet objectif.

«Vous ne savez pas combien de fois les gens viennent me remercier d’avoir fait un travail humanitaire et d’avoir capturé de beaux moments avec leurs proches qu’ils ont perdus à cause de la dépendance.»

Mme Vidal est née à Prince Rupert, en Colombie-Britannique, connue sous le nom de «Ville des arcs-en-ciel» sur la côte nord-ouest. Mme Vidal raconte qu’elle a grandi comme une fille de montagne coriace qui jouait au rugby, et qu’elle a été élevée par son père, décédé quand elle avait sept ans.

Elle a incorporé des motifs et des couleurs arc-en-ciel dans l’image de marque de ses réseaux sociaux et de son organisation, car ils représentent une «prière pour l’humanité» dans la Bible, dit-elle.

Mme Vidal a eu un fils quand elle avait 25 ans, mais elle a continué à jouer au football et à l’allaiter à la mi-temps. Elle s’est retirée du jeu afin de se concentrer sur la pratique sportive de son fils à mesure qu’il grandissait.

«Mais c’est à ce moment-là que la vie a pris un mauvais tournant», raconte-t-elle.

Elle dit qu’elle s’est retrouvée dans une relation toxique et qu’elle est tombée dans le monde de la drogue, puis qu’elle a commencé à lutter contre la dépendance pendant cinq ans.

Aujourd’hui, elle fréquente la rue, mais d’une manière différente. Elle distribue des dons et fait des entrevues avec des personnes qui n’ont d’autre choix que de vivre sur les trottoirs, dans les ruelles, dans les stationnements et dans les parcs.

«À l’époque, je ne savais pas vraiment qu’il y avait un besoin à Edmonton. Je pensais plutôt aux pays du tiers monde.»

Depuis qu’elle a commencé son travail il y a sept ans, Mme Vidal dit qu’elle est devenue alarmée par le nombre supplémentaire de sans-abri à Edmonton aujourd’hui.

«Cela m’a vraiment donné un changement de perspective, cela m’a ouvert les yeux et mon cœur», a-t-elle affirmé.

«En fait, je suis moi-même tombée dans l’itinérance.»

Mme Vidal relate qu’au cours des dernières semaines, elle s’est retrouvée sans maison et que cela est sa réalité «par intermittence» depuis plus d’un an maintenant. Elle dit que les rues peuvent souvent être violentes.

«Beaucoup de gens sont tellement désespérés qu’ils volent d’autres sans-abris.»

Elle a déclaré que toutes les personnes en situation d’itinérance ne sont pas comme ça, mais qu’il y a des «pommes pourries».

Mme Vidal affirme qu’à certains moments, elle devait rester dans une tente et ne pouvait pas dormir parce qu’il faisait trop froid.

Elle dit que la peur des incendies dans les campements ne l’a pas empêchée, ni elle ni les personnes qu’elle a rencontrées, de s’abriter dans des tentes.

«Honnêtement, je n’arrivais pas à croire que je suis passée de m’occuper des gens dans la rue à être moi-même dans la rue.»

Mme Vidal explique qu’il existe de nombreuses façons pour quelqu’un de se retrouver en situation d’itinérance.

«Quand je sors pour faire mon travail de sensibilisation, je ne me contente pas de distribuer de la nourriture et des vêtements et de quitter, je fais un effort pour apprendre à connaître les personnes que je sers.»

Mme Vidal a publié une vidéo sur TikTok en 2021 qui a été vue plus de deux millions de fois, après avoir croisé un homme assis sur un matelas derrière une benne à ordures dans un stationnement d’Edmonton, pendant une nuit glaciale de février.

Se demandant comment il allait survivre, Mme Vidal a donné à l’inconnu un manteau d’hiver, un oreiller et une couverture, pendant que son fils enregistrait depuis la chaleur et la sécurité de leur voiture.

«Je remplis mon véhicule de toutes sortes de dons, et de certains de ces dons dont vous ne pensez même pas que quelqu’un voudra. Mais je vous le dis, chaque petit morceau est utilisé, et il y a encore des gens qui ont faim et qui ont besoin d’aide.»

Mme Vidal dit qu’elle a puisé dans sa propre poche pour procurer des vêtements chauds aux gens.

Elle indique qu’il y a encore beaucoup de stigmatisation autour de l’itinérance et de la toxicomanie, mais que davantage de personnes sont nécessaires pour aider.

«Beaucoup de gens agissent pendant la période des fêtes, mais il s’agit d’un travail 24 heures sur 24 et tout au long de l’année», soutient-elle. 

«Ici, chaque jour est un combat.»