Regroupement incendie: Beaumont et Saint-Michel intéressées, Honfleur et Saint-Raphaël disent non
MUNICIPAL. L’idée d’un regroupement pour les services incendie dans la portion nord-ouest de Bellechasse continue de faire son chemin, alors que les localités de Beaumont et Saint-Michel ont déposé des résolutions d’appui à cette idée lundi soir dernier.
Ces municipalités sont les deux seules, jusqu’à maintenant, à avoir adopté des résolutions d’appui à la démarche, sauf que Saint-Gervais pourrait le faire en août. Une rencontre avec les pompiers de la localité doit avoir lieu entretemps, indique la mairesse de la localité, Manon Goulet. À l’inverse, Honfleur et Saint-Raphaël ont toutefois rejeté cette idée lors de leur dernière séance mensuelle.
Initiée il y a près de deux ans, cette idée de regroupement impliquait les localités de Beaumont, Honfleur, La Durantaye, Saint-Charles, Saint-Gervais, Saint-Michel, Saint-Raphaël et Saint-Vallier. Toutes les municipalités doivent se prononcer avant le 15 septembre prochain. La mise en place d’une nouvelle direction incendie et de secours ainsi que d’une nouvelle structure légale pourrait se matérialiser au plus tard le 30 mars 2021.
Il est toutefois un peu tôt pour savoir combien de localités pourraient aller de l’avant avec un éventuel regroupement et quand celui-ci pourrait être effectif, selon Mme Goulet. «Ça pourrait être facile de donner des chiffres et une date, mais ça pourrait être interprété de la mauvaise façon. Ayant participé aux échanges, on peut lire à travers les lignes, mais on se doit de laisser les municipalités libres de leur choix et faire leur débat à leur rythme cet été. L’idée n’est pas de mettre de pression sur personne.»
Pour Éric Tessier, maire de Saint-Michel, la démarche visait d’abord à étudier les possibilités et la pertinence d’un tel regroupement. «L’idée au départ était d’avoir la réflexion, de voir s’il y avait de l’intérêt et s’il était possible d’en discuter et de collaborer. Ça c’est atteint. Maintenant, tout le monde doit en faire sa propre analyse. Ce qui est encourageant, c’est qu’il y a un noyau de deux», indique-t-il en riant.
Vers une régie incendie ?
Les résolutions de Beaumont et Saint-Michel font suite au dépôt d’un rapport sur la possible mise en commun des différents services incendie et de secours. Celui-ci conclut que le scénario optimal serait la création d’une régie intermunicipale, un peu à l’image de celle qui existe déjà dans Les Etchemins. «Toutes les options ont été étudiées, avec les pour et les contre. On voulait avoir un avis d’expert en la matière et un avis neutre. Les gens qui nous conseillent connaissent le domaine», indique Manon Goulet.
L’idée même d’un regroupement ne plait pas à tous et crée inévitablement des craintes, notamment chez les pompiers. Ce sont les élus qui décideront à la toute fin, car ce sont eux qui ont la vision et l’orientation de leur municipalité, estiment Mme Goulet et M. Tessier. «Ce sont eux qui se sont présentés pour faire les choix, qui sont imputables et qui doivent signer au bas des résolutions. Ça n’empêche pas que tous les intervenants peuvent donner leur opinion et suggérer des choses. Ça prend du courage pour se pencher sur des dossiers comme ceux-là», estime M. Tessier.
Mme Goulet ajoute que dans le processus de réflexion des élus, les municipalités se devaient de tenir compte des pompiers dans la réflexion. «On est conscient que dans un projet comme ça, il y a un aspect administratif et un opérationnel et qu’on ne peut pas dissocier les deux. Les gens sur le terrain sont bien placés pour nous transmettre l’information pertinente et rendre tout ça réaliste. Il y a eu des rencontres d’information avec eux et tous les acteurs impliqués ont été considérés.»
Des réticences
Éric Tessier ajoute qu’aucune autre localité ne s’est manifestée, mis à part les huit qui avaient accepté d’étudier l’idée au départ. «Un regroupement ne veut pas dire la disparition de l’entraide, la collaboration ou le partage. C’est une structure opérationnelle de type commandement et opérations uniquement.»
Ajouter d’autres joueurs viendrait changer plusieurs choses selon lui. «Le nord de Bellechasse ou les plaines et le littoral de Bellechasse, nous avons nos particularités. Il est question de schémas de couverture de risque, de densité, de configuration du territoire. Nous avons une quantité de risques assez importants. Que ce soit le gaz naturel, le chemin de fer, le maritime, l’autoroute 20, les lignes électriques, l’industriel lourd, le commercial, le multilogement, etc. C’est une réalité différente comparativement à d’autres. Se regrouper à huit était le meilleur scénario pour ne pas se casser la gueule», selon lui.
Si l’idée d’une mise en commun n’était pas retenue par certaines municipalités, Éric Tessier estime tout de même que le jeu en valait la chandelle et que le contenu du rapport aura tout de même son utilité. «Il n’y avait pas de grandes surprises pour un élu qui connait bien son territoire et sa réalité. Ça nous a confirmé certaines choses, nos doutes, nos réflexions. Peu importe l’issue de cela, tout le monde en sortira gagnant, car il y aura eu une mise à niveau du langage, des enjeux et surtout, une meilleure connaissance de nos voisins.»