Bazinyan-Phinn- l’entraîneur Ian McKillop met le feu aux poudres

MONTRÉAL — Un entraîneur qui accuse le clan adverse de camoufler une commotion cérébrale. Un boxeur qui dit clairement à son adversaire qu’il n’est pas dans la même ligue. Il y avait longtemps que les scribes montréalais affectés à la boxe ne s’étaient pas amusés autant en conférence de presse!

L’artisan de ces moments de plaisir est Ian McKillop, l’entraîneur de Shakeel Phinn (26-3-1, 17 K.-O.), qui devait affronter Erik Bazinyan (32-0, 23 K.-O) le 11 avril dernier au Cabaret du Casino de Montréal. Quelques jours avant la tenue du gala, Eye of the Tiger Management a cependant repoussé l’événement au 2 mai, le clan Bazinyan invoquant une sinusite.

«J’ai su qu’Erik avait connu un camp difficile et que ce ne serait pas seulement une sinusite qui expliquerait ce report», a d’abord dit McKillop.

Camille Estephan, président d’EOTTM, a alors demandé à McKillop s’il croyait que le clan Bazinyan avait menti pour expliquer le report de près de trois semaines des hostilités.

«Je ne dis pas que vous mentez, s’est empressé de répondre McKillop. Mais Bazinyan a eu des ennuis à l’entraînement. En ‘sparring’, il a reçu de bons coups d’un boxeur inexpérimenté et il a fait une commotion cérébrale. Je le sais de source sûre: un de vos entraîneurs a trop parlé. Quand j’ai su ça, j’ai dit à Shakeel de ne pas s’en faire avec ce combat. Ça ne se rendra pas à la fin: Shakeel va l’arrêter avant le huitième round.»

Prochain à prendre le micro, Marc Ramsay, l’entraîneur de Bazinyan, fidèle à son habitude, n’a pas rajouté d’huile sur le feu.

«On croit ce qui fait notre affaire», a-t-il laissé tomber.

Bazinyan a le plus à perdre dans ce combat alors qu’il pointe au troisième rang mondial de la World Boxing Association (WBA), du World Boxing Council (WBC) et de la World Boxing Organization (WBO), en plus d’occuper le septième échelon de l’International Boxing Federation (IBF).

Réservé de nature, il ne s’est cette fois pas gêné pour répliquer au clan Phinn.

«J’étais malade, mais je suis finalement content que ce combat arrive. je vous assure que je suis 100 % prêt. J’étais prêt, mais ce n’était pas entre mes mains. Je n’aime pas dire des conneries. Vous allez voir jeudi que je suis d’un autre niveau.

«Je pense que c’est en raison du stress. Les gens disent des choses comme ça pour faire baisser leur stress», a précisé Bazinyan en mêlée de presse.

«C’est l’entraîneur qui a parlé, donc ce doit être lui qui est stressé. Mais tout le monde est stressé [de l’autre côté]: ils savent ce que je peux faire.»

Phinn, toujours très décontracté, n’a pas renié son entraîneur.

«Je suis avec lui, a-t-il dit sans hésiter. Les mots pour moi, ce n’est rien. Je laisse parler mes actions. Le 2 mai, vous allez voir.»

Phinn ne s’en cache pas: ce combat contre un boxeur de l’élite mondiale pour un titre — NABF des super-moyens, détenu par Bazinyan — est une grande carte de visite pour lui, peu importe le résultat.

«C’est clair que je suis là pour gagner, mais je suis là pour me faire voir aussi. ESPN+ va présenter le gala, comme TVA Sports et PunchingGrace.com. Plein de nouveaux fans vont me découvrir et ils vont me voir battre Erik. C’est une belle opportunité pour moi.»

En plus de ce combat, cinq autres seront à l’affiche mettant en vedette Avery Martin Duval, Thomas Chabot, Jhon Orobio, Alexandre Gaumont et Moreno Fendero.

Fa rend la vie dure à EOTTM

Le mois sera chargé pour EOTTM, avec un second gala le 25 mai, à Shawinigan, dont l’une des têtes d’affiche, le poids-lourd montréalais d’origine russe Arslanbek Makhmudov, reste pour l’instant sans adversaire.

Alors qu’il devait affronter le Néo-Zélandais Junior Fa, ce dernier a annoncé abandonner la boxe, après qu’il eut adopté une nouvelle philosophie de vie, le stoïcisme, prônant notamment le pacifisme et le véganisme.

«On avait un contrat de signé, c’était une belle opportunité, mais il a connu un changement de philosophie de vie, c’est son droit», a réagi Estephan.

Makhmudov n’a pas combattu depuis sa défaite en décembre dernier contre l’Allemand Agit Kabayel. Il avait subi deux fractures à la main droite, s’éloignant des rings.

«Ça nous met un peu dans l’embarras parce qu’on est à quelques semaines du combat, donc on fait de gros efforts pour trouver un adversaire talentueux pour affronter Makhmudov. C’est très important, car c’est son retour après sa blessure», a avoué Estephan.

L’histoire était pourtant belle. Makhmudov et Fa s’étaient déjà affrontés en 2012, en finale d’un tournoi amateur. C’était le Néo-Zélandais qui était sorti vainqueur du duel.

«Makhmudov voulait vraiment sa revanche, il était très motivé pour ce combat», a regretté le promoteur.

Le boxeur russe devra finalement se contenter d’un adversaire moins symbolique. Cela met également EOTTM dans une situation critique, puisque le promoteur québécois ne dispose que de trois semaines pour trouver le candidat idéal pour affronter son protégé.

«Deux boxeurs ont dit oui pour l’instant. On essaye de trouver le meilleur adversaire possible», a annoncé Estephan.

Malgré tout, le président d’EOTTM ne s’inquiète pas du niveau de spectacle proposé pour cette soirée.

«La carte comporte Christian Mbilli en finale contre (Mark) Heffron. (…) Elle a énormément de profondeur, donc ce retrait nous fait moins mal, grâce à ça», a-t-il souligné.

Si ses poulains masculins avaient déjà des dates en tête pour leur prochain combat, la super-mi-moyenne Mary Spencer n’est quant à elle plus remontée sur un ring depuis sa victoire le 25 janvier.

Après ses deux défaites contre Femke Hermans pour le titre de championne du monde IBO et IBF, elle avait réussi à retrouver le goût de la victoire contre l’Américaine Sonya Dreiling.

«Elle va boxer le 6 juin. La carte va être très relevée. On s’attend à un combat très dur pour elle. Elle va avoir une adversaire contre qui elle va pouvoir faire des rounds. C’est un bon combat qui s’en vient», a promis Estephan.