Christian Mbilli force Eye of the Tiger Management à se creuser la tête

QUÉBEC — Christian Mbilli est prêt pour les grosses pointures chez les super-moyens. Pourtant, Eye of the Tiger Management (EOTTM) n’aura peut-être jamais eu à travailler aussi fort pour lui trouver ses prochains adversaires.

En déclassant complètement l’Australien Rohan Murdock (27-3, 19 K.-O.), Mbilli (26-0, 22 K.-O.) a solidifié ses positions d’aspirant no 1 au World Boxing Council (WBC) et à la World Boxing Association (WBA), de no 3 à l’International Boxing Federation (IBF) et de no 5 à la World Boxing Organization (WBO).

Cette victoire à sens unique — il était en avance 60-54 sur toutes les cartes des juges quand le coin de Murdock a stoppé le combat entre les sixième et septième rounds — lui a permis de conserver ses titres Continental des Amériques du WBC et International de la WBA. Mais il n’en veut plus de ces ceintures importantes, mais mineures.

«Mon équipe et moi sommes prêts pour n’importe qui», a-t-il souligné dans les entrailles du Centre Vidéotron de Québec samedi, où 10 031 spectateurs ont été témoins de la raclée qu’il a servie à l’Australien.

«J’ai tenu à rectifier les commentaires qu’il a faits avant le combat. Il a dit qu’il allait me donner une leçon. Je pense que ç’a été le contraire.»

Maintenant, Mbilli veut passer aux choses sérieuses. Et les choses sérieuses ont pour nom Canelo Alvarez, qui détient les quatre ceintures de la division, David Benavidez, champion «B» du WBC, David Morrel, champion «régulier» de la WBA, Jaime Mungia ou encore Caleb Plant.

Des rumeurs laissent croire que Canelo affronterait Benavidez pour ne plus laisser de doute sur l’identité du champion du WBC, tandis que Mungia affronterait John Ryder.

«Mbilli a volé la vedette. Il a outrageusement dominé un adversaire coriace qui ne voulait pas abandonner, a noté Camille Estephan, président d’EOTTM, promoteur de Mbilli. (…) Si Mungia gagne, on va exiger un combat entre [Mbilli et lui] pour que le gagnant devienne l’adversaire obligatoire au vainqueur de Canelo-Benavidez.»

«La vraie question c’est eux, quels risques veulent-ils prendre en m’affrontant, a demandé Mbilli. Je représente trop de risques par rapport aux bénéfices qu’ils peuvent en tirer. Affronter Canelo et faire des centaines de millions ou moi et prendre le risque de se faire casser la gueule? J’ai confiance en mon équipe. Elle va mettre toute la pression nécessaire sur les quatre organismes de sanction pour aller chercher le combat le plus important.»

Il n’est pas toujours aussi simple d’organiser les combats qui semblent évidents et Mbilli devra peut-être «se contenter» d’un boxeur non titré à sa prochaine sortie. Du lot, Plant (22-2, 13 K.-O.) est celui qui l’intéresse le plus.

«J’en rêverais! Ce serait un rêve absolu d’affronter Caleb Plant. Je l’ai dans mon viseur. Je regarde tous ses combats et je me dis: ‘Lui, il ne passerait pas 10 rounds avec moi!’. On verra. J’ai fait ce que j’avais à faire dans le ring, mais il y a des paramètres que je ne maîtrise pas.»

«Les moyens qu’on a, c’est que ce soit Top Rank, Matchroom, ESPN, ils veulent tous signer avec nous [pour Mbilli], a ajouté Estephan. En Arabie saoudite, ils veulent peut-être faire un tournoi à 168 livres avec Canelo. (…) On a prouvé que pour un combat de championnat, Mbilli est un adversaire obligatoire.»

Éternels insatisfaits

Marc Ramsay doit être un entraîneur comblé aujourd’hui. Ses deux protégés, Mbilli et Artur Beterbiev (20-0, 20 K.-O.) ont complètement maîtrisé leurs adversaires samedi soir et ils ont assuré à leurs promoteurs respectifs, EOTTM et Top Rank, de très payantes prochaines prochaines soirées.

Mais Ramsay se retrouve surtout avec un boxeur dans l’antichambre de championnats du monde et un triple champion qui estiment tous deux qu’ils ne sont pas encore «de bons boxeurs»!

«Je sens que je m’en viens, mais je ne suis pas encore un bon boxeur», a sérieusement lancé Beterbiev en conférence de presse.

«Je ne dirais pas que je suis content, j’aurais pu faire mieux, a pour sa part indiqué Mbilli. On m’a donné quelques consignes que j’ai mal appliquées un petit peu. Le jab au début, j’avais du mal à le placer. J’ai encore tendance à frapper en force au lieu de lancer des coups rapides. Je suis assez satisfait, mais il y a encore de la place pour de la progression et le meilleur reste à venir.»

Ramsay ne peut que se réjouir de tels propos.

«Parfois, je le trouve dur avec lui, mais d’autres fois, j’adhère à sa philosophie. Il me dit souvent qu’avec quatre organismes de sanction, on ne sait jamais vraiment qui est le vrai champion. C’est pour ça qu’il veut les quatre ceintures: il dit qu’il ne sera pas le vrai champion tant qu’il n’aura pas les quatre.»

C’est Dmitry Bivol qui détient le titre de la WBA. Aux dires du Russe, il a déjà signé un contrat pour affronter Beterbiev en Arabie saoudite en mars prochain.

«Comment a-t-il pu signer un contrat pour m’affronter alors que j’avais déjà un contrat pour un autre contrat?, a demandé Beterbiev. Il est fou!

«Ça fait quatre ou cinq ans qu’il dit qu’il veut m’affronter. Qu’on en finisse.»