Laurent Courtois est devenu obsédé par le poste d’entraîneur-chef du CF Montréal

MONTRÉAL — Dès ses premières discussions avec les dirigeants du CF Montréal, Laurent Courtois savait qu’il voulait prendre les rênes de l’équipe. C’en était même devenu une obsession.

La bonne nouvelle pour lui, c’est que le sentiment était réciproque.

Au terme d’un processus qualifié de rigoureux, la formation montréalaise a présenté Courtois à titre d’entraîneur-chef, mardi, à moins d’une semaine du début de son camp d’entraînement à Tucson, en Arizona.

Le Lyonnais de 45 ans, qui a signé un contrat de deux ans, n’en était pas à ses premières entrevues d’embauche, mais tout ce qu’il voyait du Bleu-blanc-noir semblait lui donner confiance qu’il pouvait accomplir de grandes choses à Montréal. Surtout, il avait l’impression d’être chez lui.

«C’était pratiquement un rêve d’adulte de signer avec le club. Quand j’ai commencé à parler aux personnes ici, c’est devenu une obsession. Je me sens ici comme je me sens à Lyon ou à l’Olympique lyonnais, a dit Courtois. Il y a tellement de potentiel ici. Quand je vois les commentaires que j’ai reçus de la part d’étrangers ou de mes amis en France, Montréal c’est particulier. En voyant l’effectif potentiel, c’est inévitable pour moi de faire le parallèle avec ce que j’ai connu à Lyon.»

Lyon, c’est là que tout a commencé pour Courtois, tant comme joueur que comme entraîneur-chef.

Il s’est développé comme milieu de terrain au centre de formation de l’Olympique lyonnais (OL) et il est passé chez les professionnels en 1998, dans la Ligue 2 en France. Après des séjours en Angleterre et en Espagne, Courtois a fait le saut en MLS en 2011, avec le défunt club Chivas USA. Il a terminé sa carrière en tant que joueur-entraîneur de l’équipe de réserve du Galaxy de Los Angeles, en 2014.

Courtois est retourné à Lyon pour obtenir sa certification d’entraîneur auprès de la Fédération française de football. Entre-temps, il a appuyé de jeunes joueurs de l’OL. C’est toutefois comme entraîneur-chef de l’équipe de réserve du Crew de Columbus qu’il s’est signalé.

Le Français, qui préconise un style de jeu offensif et rapide, a guidé le Crew 2 vers le titre de champion de la MLS Next Pro, en 2022, et vers une défaite en finale, en 2023. Il a d’ailleurs été nommé entraîneur-chef de l’année en MLS Next Pro en 2022.

«J’ai eu la chance d’être talentueux quand j’étais plus jeune, mais je ne me suis jamais senti dirigé, je me sentais plus utilisé, a-t-il expliqué. Quand j’ai suivi cette formation d’entraîneur, je me disais que je voulais aider les joueurs de mon âge. Je n’ai pas connu tous ces succès seul à Columbus. Nous nous sommes assurés que tout le monde soit à l’aise. Quand tu réussis à créer ce lien, tout devient plus facile. J’étais la personne derrière le banc, mais c’était le résultat des entraînements et de cette mentalité.»

En voyant son impact sur le développement de certains jeunes joueurs, dont le Québécois Mohamed Farsi, il allait de soi qu’il cadrait bien dans la philosophie du CF Montréal. Surtout qu’il a en quelque sorte eu son mot à dire sur la conquête de la coupe MLS du Crew, il y a un mois.

«Laurent cochait toutes les cases que nous recherchions. Il veut faire partie de notre projet, c’est un gagnant et il a beaucoup d’expérience avec les jeunes, a mentionné le président et chef de la direction du CF Montréal, Gabriel Gervais. Il a un style de jeu qui correspond à notre philosophie et c’est un excellent communicateur. Nous sommes convaincus qu’il pourra apporter cette cohésion entre notre noyau de leaders, nos vétérans et les jeunes.»

La grinta 2.0?

Il y a un mot qui est revenu à plusieurs reprises dans les dernières années au sein du CF Montréal: ‘grinta’.

Cette expression italienne, popularisée par l’ancien entraîneur adjoint de l’équipe montréalaise Jason Di Tullio, signifie combativité et intensité dans tous les aspects du jeu sur le terrain. La ‘grinta’ n’a pas toujours été présente lors de la dernière saison, mais Courtois ne devrait pas manquer de l’appliquer en 2024.

«Nous aimons tous le beau jeu, le jeu élaboré, mais il y a des choses sur lesquelles je suis intransigeant: le cœur, l’énergie, la combativité, a affirmé Courtois. Je veux que les joueurs et que les partisans voient que nous avons un objectif commun, et c’est de tout arracher. Je veux que les joueurs aient la confiance de commettre des erreurs, parce que c’est par là que nous arrivons à progresser.»

Après la saison record du CF Montréal en 2022 et le départ de l’entraîneur-chef Wilfried Nancy, l’équipe cherchait une certaine continuité dans son style de jeu. Le vice-président et chef de la direction sportive, Olivier Renard, a donc embauché Hernan Losada dans l’espoir d’y arriver. Or, ce n’est pas ce qui s’est produit.

Lors du bilan de fin de saison 2023, Renard s’était dit surpris de voir que le style de jeu convenu entre lui et Hernan n’avait pas nécessairement été respecté. L’arrivée de Courtois semble s’approcher beaucoup plus de la philosophie de Nancy, même s’il proposera ses propres principes de jeu.

Courtois s’est d’ailleurs donné comme mission de bien installer son système de jeu cette saison. S’il y parvient, alors le nouvel entraîneur-chef pense que les éliminatoires seront plus qu’accessibles.

«Mes deux objectifs sont les séries et le style de jeu. Je ne vois pas comment nous participerons aux séries sans ce style de jeu et je ne sais pas comment je pourrai installer un style de jeu qui a du succès si nous n’accédons pas aux séries, a-t-il noté. Notre philosophie est de créer des occasions de marquer. Je veux que nous en soyons obsédés, et ça part du gardien jusqu’à l’avant. Je veux que les joueurs soient obnubilés par l’intention de jouer vers l’avant et d’être dangereux.»

Courtois a fait savoir qu’il allait discuter avec les entraîneurs adjoints déjà en place pour en apprendre plus sur les joueurs et l’équipe en général. Il prendra ensuite des décisions pour compléter son personnel.