Les balles de tennis utilisées à Flushing Meadows sont difficiles à recycler

NEW YORK — Le monde du tennis est préoccupé par un problème auquel songent très peu de joueurs lorsqu’ils ouvrent une nouvelle boîte de balles, ou lorsque les arbitres qui supervisent les matchs aux Internationaux des États-Unis reçoivent une demande pour «de nouvelles balles, s’il vous plaît». 

Les balles de tennis sont extrêmement difficiles à recycler, et l’industrie n’a toujours rien fait afin de développer une balle qui soit écoresponsable, ce qui signifie qu’environ 330 millions de balles réparties un peu partout sur la planète finissent leur vie au dépotoir — où elles mettront souvent plus de 400 ans à se décomposer. Cette situation est particulièrement visible dans les tournois majeurs de tennis, comme celui qui se déroule présentement à Flushing Meadows, où près de 100 000 balles seront écoulées pour la durée de l’événement.  

La réalité est brutale, surtout à une époque où les préoccupations environnementales défraient régulièrement les manchettes. En conséquence, les fabricants de balles, les entreprises de recyclage et les organisations qui chapeautent la discipline sur la planète tentent de trouver des solutions, si bien que des militants écologistes sonnent maintenant l’alarme sur diverses tribunes virtuelles: est-ce que les balles de tennis sont un désastre pour la planète?  

«Les balles de tennis, comme bien des objets, sont conçues pour être indestructibles, ce qui signifie qu’elles sont très résistantes aux procédures mécaniques, a expliqué Nickolas J. Themelis, le directeur du ‘Earth Engineering Center’ de l’Université Columbia. Cependant, que faites-vous avec un objet qui est conçu pour durer éternellement tout en demandant aux gens de ne pas l’utiliser puisqu’il est conçu pour durer éternellement? Ça ne fait aucun sens.»

Themelis et d’autres experts soulignent que les balles de tennis ne représentent qu’une infime partie des centaines de millions de tonnes de déchets qui sont produites chaque année, et la clé pour lutter contre les matériaux difficilement recyclables consiste à trouver des façons de prolonger leur durée de vie en leur trouvant de nouvelles utilités ainsi qu’à trouver des moyens de s’en débarrasser sans affecter l’environnement. 

«Quiconque dit que vous ne devriez pas jouer au tennis à cause des balles de tennis se trompe, a dit Jason Quinn, le directeur du ‘Sustainability Research Laboratory’ de l’Université Colorado State. En termes d’impact, ce n’est qu’une goutte dans l’océan… Mais vous pouvez réutiliser ou encore trouver une nouvelle utilité aux balles de tennis afin de limiter leur impact (sur l’environnement).»

Et ça va plus loin que d’offrir ces balles aux animaux domestiques ou encore de leur faire une petite incision pour insérer les pattes d’une chaise, souligne plusieurs organismes sans but lucratif. Parmi les initiatives mises de l’avant, on note la récupération en vrac de balles, qui seront ensuite pulvérisées afin de créer un matériau qui entre dans la fabrication de manèges pour les chevaux et — vous l’aurez deviné — de terrains de tennis.

Les experts et les militants écologistes s’interrogent cependant sur la viabilité à long terme de telles initiatives, car ils estiment que celles-ci ne règlent en rien le véritable problème: il n’y a pas assez de matériaux recyclables qui entrent dans la fabrication d’une balle de tennis, et les procédures mécaniques ne sont pas adaptées pour les recycler. 

Au coeur du problème se trouve évidemment le processus de conception d’une balle de tennis — celui-ci est demeuré pratiquement identique depuis qu’on a développé le processus de mise sous pression des balles dans les années 1920 —, qui consiste à coller une membrane feutrée sur une balle de caoutchouc remplie d’air. 

L’étape la plus problématique dans le recyclage d’une balle de tennis se trouve au moment de retirer la membrane de feutre de la balle de caoutchouc elle-même en raison de la colle ultrarésistante qui a été conçue afin qu’elle puisse résister aux puissants coups de raquette. La membrane de feutre cause elle aussi des maux de tête: il s’agit d’une combinaison de feutre et de nylon qui ne sont pas recyclables. 

De plus, la balle qui est utilisée par l’élite du sport — par exemple le modèle extrarésistant du fabricant Wilson aux Internationaux des États-Unis — est uniquement fabriquée à partir de caoutchouc vierge nouvellement créé, ce qui, selon les militants écologistes, conduit à la déforestation des hévéas en Amazonie.

Bref, cet enjeu n’a pas fini de faire jaser. Et il y a fort à parier qu’il finira par rebondir sur le bureau des dirigeants, tous azimuts, de la planète.