Claude Dufour : devenir Ironwoman en six mois
SPORTS. Adepte de course longue distance depuis 2013, Claude Dufour s’apprête à vivre un rêve qu’elle caresse depuis 2017, soit celui de courir son premier Ironman à vie. L’événement aura lieu le 21 novembre à Cozumel, au Mexique.
Le fait de prendre le départ de cette épreuve d’endurance, qu’elle la termine ou non, relève de l’exploit pour celle qui partage son temps entre Lévis et Lac-Etchemin, sachant surtout qu’elle disputera -celle-ci six mois seulement après avoir subi une importante opération, en février dernier, visant à retirer une plaque et les vis implantées dans sa jambe gauche après un accident de motoneige hors-pistes, survenu en février 2017, où elle a subi une triple fracture à la hauteur du péroné et de la cheville.
« À ce moment, j’ai dû subi une opération d’urgence visant à réparer les dégâts et j’avais espoir de recommencer à courir. Je savais qu’éventuellement, il n’y aurait pas de problèmes avec le vélo et la natation, mais l’orthopédiste qui s’occupait de moi me disait que je ne courrais plus jamais, sans toutefois me donner d’explications plus précises », indique-t-elle en soulignant que cela l’avait fouetté et avait augmenté sa détermination à reprendre la course à pied.
« J’étais fâchée et j’ai commencé à faire des recherches sur internet afin de trouver d’autres personnes qui avaient vécu la même chose que moi. On m’a dirigé vers Mélanie McQuaid, une triathlonienne canadienne qui avait vécu quelque chose de similaire. Cette dernière m’a dit que c’était possible, mais que ce serait difficile. Elle m’a aussi dit qu’il y avait des façons de travailler la cheville, mais que ce serait ardu. »
De nature active, Mme Dufour a appris à vivre avec sa plaque et a même repris l’entraînement à un certain niveau. Les effets de la plaque, dans sa jambe gauche, se faisaient surtout sentir lorsqu’elle qu’elle faisait des sauts en ski alpin.
« C’était très douloureux et insupportable à la limite. À ce moment, je comprenais pourquoi mon premier orthopédiste me disait que je ne pourrais pas courir dans ces conditions, il avait raison. J’ai rencontré un nouveau spécialiste à qui j’ai demandé si je pouvais enlever tout cela et il m’a dit que c’était mon choix, qu’il y avait des pour et des contres, que ça pourrait améliorer les choses ou pas du tout », souligne-t-elle en mentionnant qu’elle avait finalement décidé d’aller de l’avant avec la chirurgie.
Prévue initialement en mars 2020, celle-ci a finalement été reportée d’un an en raison de la pandémie. C’est finalement en février 2021 que s’est déroulée l’opération et une fois la plaque retirée, Mme Dufour a dû s’astreindre à une période de réhabilitation avant de reprendre l’entraînement.
« Quand j’ai pu sauter sur place, j’ai remarqué tout de suite que les effets de vibration que j’avais auparavant dans ma jambe avaient disparu. Il reste parfois des sensations de raideur en me levant le matin, mais j’ai appris à vivre avec cela », précise-t-elle en ajoutant qu’elle avait ensuite repris l’entraînement de façon graduelle et s’est aperçue qu’elle se sentait bien et n’avait pratiquement pas de douleurs.
Se rappelant son objectif de prendre part à son premier Ironman, elle a contacté Sébastien Carrier, directeur technique chez Bionick Triathlon de Lévis, pour lui faire une demande particulière.
« Je lui ai demandé s’il pouvait faire une « IronWoman » de moi en six mois. En connaissant mon passé de triathlonienne, il m’a dit que ça se pouvait, mais que je n’allais pas chômer », précise-t-elle en ajoutant qu’elle suit à la lettre le contenu du programme qu’il a conçu pour elle.
« Je consacre entre 12 et 15 heures d’entraînement par semaine en natation et en vélo, tout en ajoutant des blocs de course de façon graduelle, le temps de voir comment ma jambe réagirait. Au départ, j’ai trop poussé la machine et fait une fasciite plantaire. Tout le monde me disait que ça prendrait six mois pour guérir, mais à force de travail, la douleur est partie et j’ai sauvé trois mois, ce qui m’a permis de reprendre la course », dit-elle en indiquant que sa jambe réagit très bien à la course pour le moment et qu’elle peut franchir jusqu’à 16 km sans interruption.
« Comme l’Ironman comprend 3,8 km de nage, 180 km de vélo et un marathon, je dois pouvoir faire 30 km de course en continu d’ici la tenue de l’événement, car c’est le barème imposé aux marathoniens », poursuit-elle en précisant que cette distance représente le fameux mur auquel ces athlètes font souvent référence pendant une course. « Une fois que tu réussis à passer cela, ça va bien par la suite pour les 12 derniers kilomètres. »
La piqûre des courses longue distance
C’est en 2013 que Claude Dufour se lance dans ses premiers entraînements en vue de participer à son premier triathlon à vie. Après avoir suivi des cours de natation avec les Maîtres-nageurs de Lévis, cette même année, elle prend successivement part au triathlon sprint du Lac-Delage puis au volet olympique du Triathlon Esprit à Montréal, course à laquelle elle a de nouveau participé récemment et où elle a fait belle figure.
Elle a également pris part à des demis-Ironman en 2014, 2015 et 2016. L’idée de prendre part à un Ironman a finalement failli ne jamais se concrétiser, mais elle confie que si tout va bien, celui de Cozumel ne sera pas son dernier.