Éric Sylvain: Du Brier… au golf

SPORT. Le directeur du club de golf de Saint-Michel-de-Bellechasse, Éric Sylvain, est de retour de son 10e Brier, emblème du championnat canadien de curling masculin.

Si la formation québécoise dirigée par Jean-Michel Ménard n’a pas atteint la ronde éliminatoire, Éric Sylvain estime que son équipe a tout de même bien joué. «Nous avons terminé le tournoi avec une fiche de quatre victoires et sept défaites. Habituellement, avec une fiche comme celle-là, nous sommes très insatisfaits. Cette année, nous sommes quand même satisfaits. Les favoris étaient tous là et ont bien performé, il n’y a pas eu vraiment de surprise.»

Bien peu de gens qui le connaissent sont au fait de cet accomplissement mis à part son entourage immédiat et quelques collègues de travail possiblement. Si tous ceux qu’il côtoie observent sa passion pour le golf, bien peu savent qu’il est un des meilleurs joueurs de curling au pays.

Un long cheminement avant le titre

Natif de Thetford Mines et résident maintenant à Lévis, Éric Sylvain avait 12 ans quand les activités de ses parents lui ont transmis ses deux passions. «Mon père était président du club de golf et curling et ma mère présidente du comité des dames à ce même club alors j’ai été élevé là et j’ai commencé à pratiquer les deux sports», se souvient-il.

«Nous aimions beaucoup la compétition mes amis et moi. En 1990, nous avions une équipe junior et nous avions battu les champions provinciaux en titre, quatre petits gars de Thetford que personne ne connaissait. C’est à ce moment que j’ai compris que je pouvais performer à un haut niveau», se rappelle-t-il.

Son ascension vers les sommets s’est poursuivie lentement, jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre de François Roberge avec qui il a remporté un championnat canadien il y a maintenant dix ans. «Je me suis joint à des gars de Québec en 1998 et nous avions remarqué que nous pouvions rivaliser avec les meilleurs au Québec et même au Canada. Nous avons même commencé à rêver au Brier un moment donné, car nous affrontions régulièrement Guy Hemmings et son équipe et les battions à l’occasion.»

Son rêve de participer à un championnat canadien s’est produit en 2000. «J’ai fait neuf autres Brier par la suite, dont celui de cette année, et au milieu de tout ça la victoire en 2006. Gagner a été tout un feeling», se souvient celui qui occupe le poste de deuxième au sein de l’équipe qui avait vaincu le légendaire Russ Howard lors de la finale.

Il pratique le curling environ cinq fois par semaine et la distance l’oblige à s’entrainer individuellement. «Jean-Michel Ménard est notre capitaine, je suis avec lui depuis 13 ans, Martin Crête depuis 9 ans et Philippe Ménard, le frère de Jean-Michel, est avec nous depuis 5 ans. Le curling est heureusement un sport où nous n’avons pas besoin d’un entrainement collectif pour bien performer. Comme Jean-Michel est à Gatineau, on ne pratique pratiquement jamais avec lui. Le fait de faire beaucoup de tournois ensemble suffit à nous permettre de bien réussir.»

Ironiquement, son travail lui permet de pouvoir pratiquer le curling sauf qu’il ne peut prendre part à des tournois de golf. «Prendre congé de mon travail l’hiver se fait bien, mais pas l’été. Je joue au golf une dizaine de fois dans l’été, mais je termine avec des pointages que je n’aime pas. Mon travail exige énormément. Ce sera même davantage cet été, car je devrai consacrer quelques heures par semaine à la boutique.»

Il s’attend d’ailleurs à un scénario similaire au cours des prochaines années. «Le monde du golf est devenu plus compliqué. Il y a moins de membres dans les clubs, moins de tournois, la clientèle est devenue occasionnelle», laisse-t-il entendre, conscient qu’il devra délaisser l’une de ses passions.