Les chasseurs à l’orignal de la zone 3 toujours inquiets
Suite à leur participation à une rencontre avec le Groupe Faune de Chaudière-Appalaches à laquelle participaient notamment MM Gilles Paquet de la ZEC Jaro, Claude Lapointe de Saint-Magloire et Serge Tanguay de Sainte-Justine, ces deux derniers représentants de la coalition de chasseurs d’orignaux de la zone 3 continuent à manifester de l’inquiétude sur le maintien de la population d’orignaux dans la zone 3. Leurs craintes s’appuient sur les résultats de chasse de la dernière année.
Au cours de l’automne 2006, 1275 orignaux ont été abattus soit 873 mâles et 402 faons. 40 femelles additionnelles ont de plus été abattues par erreur et enregistrées par les agents de conservation de la faune mais ne sont pas comptabilisés dans la récolte. Un total de 9 277 permis de chasse à l’orignal ont par ailleurs été vendus dans la zone 3, en 2006.
En comparant ces chiffres avec ceux de 2004 (première année du plan de gestion au cours de laquelle seuls les mâles et les faons pouvaient être récoltés), ces deux membres de la coalition remarquent que la pression de chasse a augmenté de 40 % depuis 2004 et que le succès de chasse est passé de 18,2 % en 2004 à 13,8 %, en 2006. Concrètement, ces chiffres se traduisent par une augmentation de 2 658 chasseurs en 2006, comparativement à 2004, pour une augmentation de 72 orignaux.
Alors que les membres de la coalition ont mentionné que ces chiffres indiquent une baisse du cheptel, les biologistes y voient un signe de bonne santé du cheptel puisque la récolte a été supérieure en 2004. De même, les membres de la coalition ont fait remarquer que la récolte 2006 a été supérieure de près de 300 orignaux aux prévisions du ministère (en comptant les femelles abattues). Ces prévisions sont tirées du tableau de simulation de l’évolution du cheptel et de la récolte d’orignaux préparé l’an dernier par les biologistes du Groupe faune de Chaudière-Appalaches.
Ce tableau montrait que si 1031 orignaux étaient abattus en 2006, l’équilibre serait maintenu et qu’il y aurait donc toujours 5000 orignaux dans la zone 3 à la fin du plan de gestion actuel, soit avant la saison de chasse 2011. Les 300 orignaux supplémentaires abattus n’ébranlent pas la confiance des biologistes du ministère au plan de gestion actuel. Pourtant selon MM Lapointe et Tanguay, il est logique de prétendre que l’effet de ces 300 animaux en moins présentement aura un impact important sur l’inventaire dans 4 ans.
La partie ouest plus durement touchée
Après consultation de représentants des chasseurs de la zone 3, les membres de la coalition en viennent par ailleurs à la constatation que la partie est de la zone dans les secteurs de L’islet et Montmagny réagissait mieux au plan de gestion que la partie ouest qui montrait des signes importants de baisse du cheptel. Devant ce constat, les représentants de la coalition ont proposé que la zone soit scindée en deux parties avec des réglementations différentes comme c’est le cas présentement pour le chevreuil.
À cette proposition, les représentants du MRNF ont répondu que ce n’était pas mauvais qu’il en soit ainsi puisque la vocation plus agricole de la partie ouest qui est aussi plus habitée que la partie est s’avérait plus propice aux cerfs.
Les biologistes ont par ailleurs exprimé qu’avec l’augmentation de la récolte de mâles adultes pendant la saison de chasse à l’arc, le niveau sécuritaire des mâles disponibles pour la reproduction afin d’assurer une bonne productivité des femelles était en danger. Comme le MRNF reçoit de plus en plus de demandes pour chasser à l’arbalète, ils proposent que l’arc et l’arbalète soient considérés sur un même pied, ce qui donnera aux chasseurs la possibilité de chasser avec l’arme de leur choix, que la saison de chasse soit reportée d’une semaine et qu’elle soit diminuée de 9 à 5 jours. Ces propositions sont bien acceptées par les chasseurs qui espèrent qu’elles entreront en vigueur dès l’automne 2007.
Les biologistes ont donc exprimé leur confiance dans la poursuite du plan de gestion actuel, jugeant qu’il n’y a pas encore de signe alarmant qui justifierait un changement alors que de l’autre les membres de la coalition de chasseurs ont exprimé leur désaccord face au plan de gestion actuel en particulier dans la partie ouest de la zone 3 et ce, d’autant plus que l’année 2007 en sera une permissive où la pression de chasse augmentera probablement encore, elle qui est déjà la plus forte du Québec. Si les conditions météorologiques s’avéraient favorables aux chasseurs, les deux représentants de la coalition se demandent, ce qui adviendra du cheptel d’orignaux.
Ces derniers constatent de plus qu’ils ne sont plus les seuls à se questionner sur la pertinence de modifier le plan de gestion de la zone puisque le président de la Fédération québécoise de la faune-région 12, M. Jean-Claude Marcoux, a présenté au nom de ses membres, une résolution demandant que seule la récolte de mâle soit permise à l’automne 2007.
Finalement, les membres de la coalition qui en étaient à leur troisième rencontre du "Groupe faune régional" se questionnent sur le pouvoir réel des représentants autour de la table. "Il apparaît de plus en plus évident que les gens y sont poliment entendus mais aucunement écoutés; aucune des suggestions apportées par les divers représentants depuis 3 ans n’ayant été retenue» signale M. Tanguay, qui note toutefois une sensibilité accrue des biologistes au point de vue de la coalition, ce qui pourra se révéler positif en autant que leurs opinions soient écoutées par les autorités du MRNF.