Mutation de l’offre en santé dans Bellechasse

BELLECHASSE. L’ouverture d’une nouvelle clinique médicale jumelée à la mise sur pied prochaine d’un groupe de médecine familiale (GMF) à Saint-Henri, ainsi que le lancement des travaux de construction d’une nouvelle clinique à Saint-Anselme, démontrent que le visage de l’offre de services en santé change dans Bellechasse.

L’ajout potentiel d’une infirmière praticienne à la Coopérative de santé des Monts de Bellechasse viendrait également bonifier cette offre de service dans la portion sud du territoire. La situation réjouit plusieurs intervenants du milieu, dont l’ex-maire de La Durantaye, Jean-Paul Lacroix, qui a conservé la présidence du comité santé et services sociaux de la MRC de Bellechasse.

« Avec celui qui existe déjà à Saint-Charles et Sainte-Claire, le GMF de Saint-Henri va naturellement amener un plus à l’offre existante. On souhaite qu’il en soit de même avec une bonification des services de première ligne à Saint-Damien et le budget de fonctionnement qui l’accompagne. La coopérative sert déjà de milieu de formation pour les infirmières spécialisées grâce à l’Unité de médecine familiale de Saint-Romuald (UMF). C’est non-négligeable », a fait valoir M. Lacroix.

Le président de la Coopérative de santé des Monts de Bellechasse, Guy Boudreau, souhaite lui aussi augmenter l’effectif médical disponible à la clinique. « On refuse un paquet de monde à cause de ça, admet-il. Si on avait 5 jours-médecins de plus par semaine, nos problèmes financiers seraient chose du passé. On possède tout de même 1 240 dossiers/clients et procédons à plus de 2 500 consultations par année. » Les rumeurs laissent entendre que la présence d’une infirmière praticienne spécialisée à la coopérative pourrait passer de 3 à 5 jours/semaine et même à 6,5 jours/semaine si le recrutement actuellement en cours s’avère positif.

À Saint-Henri, la nouvelle clinique médicale, jumelée à une pharmacie, est en opération depuis quelques jours. À Saint-Anselme, la construction de la nouvelle clinique médicale a débuté la semaine dernière. Celle-ci devrait ouvrir ses portes en mai prochain. On y trouvera possiblement six bureaux ainsi que des locaux, au 2e étage, pour une éventuelle offre paramédicale.

« On travaille sur le projet depuis près de trois ans et cela répond à la nouvelle réalité d’une offre médicale qui doit être attrayante pour les médecins que l’on souhaite recruter. Ceux-ci ne veulent pas travailler seuls ni s’attacher, mais œuvrer en collaboration », précise l’initiatrice du projet, la docteure Anne Laliberté.

Jean-Paul Lacroix a aussi remarqué cette nouvelle réalité. « Nous, on essaie de mettre les gens en contact. On est à un stade où le partenariat doit se développer pour maintenir une bonne offre de service. Il faut éviter que les médecins se retrouvent seuls. Ils ont besoin d’établir des partenariats et d’un support administratif. C’est pour ça qu’ils se regroupent. »

Saint-Michel aussi

Bien au fait que le littoral de Bellechasse cherche également à améliorer sa situation et que le projet de rouvrir la clinique médicale de Saint-Michel a refait surface au cours des derniers mois, M. Lacroix souhaite que le projet se réalise.

« Il est évident que certains médecins préfèrent travailler en milieu urbain, mais ça existe aussi des médecins qui favoriseraient la campagne pour leur pratique. Il y a déjà eu deux médecins à Saint-Michel. On doit simplement mettre en place un réseau qui se tient pour les convaincre. » Soulignons que l’Agence régionale de la santé de Chaudière-Appalaches n’a pas encore reçu de demandes formelles sur le sujet.

Soulagement pour les équipes en place

Par ailleurs, le Plan régional des effectifs médicaux (PREM) pour la région Chaudière-Appalaches a été déposé cette semaine et devra recevoir l’aval du ministre de la Santé avant d’être rendu public. Il est déjà acquis que l’Agence régionale de la santé se tournera vers les territoires, une fois le plan approuvé, pour confirmer où sont les besoins et en espérant que le recrutement soit à la hauteur.

Responsable de la coordination clinique à l’Agence, France Tanguay s’attend à ce que le nombre de médecins alloués à la région s’apparente à celui de l’an dernier. « On retrouve cette année à peu près le même nombre de finissants en médecine familiale que l’an dernier, alors ça devrait se ressembler. Ce n’est qu’après qu’on saura où ces nouveaux facturants seront affectés. » L’an dernier, huit médecins à mobilité interrégionale avaient été alloués ainsi que sept postes de nouveaux facturants, dont deux à effectif médical universitaire rattachés à l’Unité de médecine familiale de Lévis.

Pression sur les équipes entre autre aux CSSS des Etchemins

Le départ de quelques médecins œuvrant sur le territoire ajoute toutefois une certaine pression sur l’offre déjà existante. « C’est peut-être paradoxal de le dire, mais nous sommes parmi les mieux nantis au Québec par rapport à notre population, ajoute France Tanguay. Au-delà de ça, il y aura plusieurs départs à la retraite au cours des trois prochaines années et nous en sommes conscients. Déjà, des organisations comme l’Unité de médecine familiale au CSSS des Etchemins ont subi une certaine pression cette année. Le départ de médecins à Saint-Fabien et Saint-Joseph a fait que certaines personnes s’y sont rendues pour y recevoir des services. »

Une fois le plan sur les effectifs médicaux connu, l’Agence attendra avec impatience celui concernant les médecins spécialistes qui sera rendu public l’an prochain. Celui-ci est déposé tous les cinq ans.