3e lien Québec-Lévis: « La même chose qu’il y a 50 ans » – Roger Nadeau

TRANSPORT. Aujourd’hui âgé de 90 ans, Roger Nadeau se souvient des débats qui sévissaient sur un deuxième lien routier entre Québec et Lévis il y a 50 ans, puisqu’il était maire de Buckland à ce moment-là. Son constat est simple: le scénario est le même qu’à cette époque.

M. Nadeau semble croire que la région échappera possiblement les retombées d’un tel projet, tout comme cela s’était produit avec la construction du pont Pierre-Laporte il à la fin des années 60, alors que l’idée d’un lien à l’est de Lévis et Québec était étudiée. « L’idée de relier les deux villes, face à face, avait été rejetée, car il fallait creuser trop profondément et ce n’était pas fait pour desservir les deux villes, mais tout l’est sur la rive-sud et même chose sur la rive-nord. Nous avions formé un comité de développement économique de la Côte-du-Sud. La presque totalité des maires étaient embarqués jusqu’à Rivière-du-Loup, en plus de plusieurs gens d’affaires », se rappelle M. Nadeau, loin de chercher dans ses souvenirs malgré son âge.

« Tout allait bien. Le sujet avait de l’importance dans les médias et tout d’un coup, plus rien. Les maires de Lévis et Québec ne nous parlaient plus, les fonctionnaires non plus, puis à un moment donné s’annonce la construction du pont Pierre-Laporte. Tout s’est fait en cachette à l’époque et ça ressemble à ça encore aujourd’hui. On est en train de se faire avoir encore une fois », n’hésite-t-il pas à dire.

La situation de l’époque ressemble étrangement à celle d’aujourd’hui, remarque M. Nadeau qui estime que la région perdra au change. « Les deux villes ramasseront tout. Depuis que je suis ti-gars qu’on fait 22 kilomètres pour entrer dans la ville. Pourquoi pas une ceinture, comme la plupart des villes d’importance aux États-Unis, qui permet de contourner la ville au besoin ? », se demande-t-il.

« Notre tracé était à l’extrême Est, dans le secteur de Beaumont, puis il traversait à la pointe de l’Île d’Orléans. De l’autre côté, c’était une jetée en pierre qui nous permettait de rejoindre la route, un peu comme celle qui a été faite pour l’île Notre-Dame à Montréal en prévision de l’Expo 67 et qui est encore là aujourd’hui », poursuit M. Nadeau.

Selon lui, le poids politique du maire de Québec à l’époque, Jean Pelletier, et des gens de la Beauce est possiblement ce qui a fait pencher la balance à ce moment-là. « Les Beaucerons voulaient une autoroute, même s’il n’y avait pas vraiment d’embouteillage à ce moment-là. On s’est fait jouer dans la tête un peu possiblement. »

Encore là, Roger Nadeau estime que le maire de Québec a pris la pôle et possiblement dicté la suite des choses dans le dossier. « Je ne le verrai pas ce tunnel-là, en raison de mon âge. J’ai encore confiance en M. Legault. Il avait dit en campagne électorale qu’il serait à l’Est mais c’est ça qui n’est pas sûr pour le moment. Le maire Labeaume a « picossé » pour sa folie de tramway et il a eu possiblement ce qu’il souhaitait. Le centre-ville de Québec n’est pas le bon endroit pour faire entrer le tramway, ce serait un fiasco de faire cela. Les gens n’en veulent pas de toute façon. »

M. Nadeau fait partie de celles et ceux qui souhaiteraient voir les décideurs et gens d’affaires de la région s’impliquer de façon plus active dans le dossier. « Il faut faire pression tout de suite. Je vais écrire au premier ministre et au ministère des Transports. C’est là qu’il faut frapper, car ce sont eux qui prendront la décision. Ils ont fait leur élection là-dessus et il faut le leur rappeler. Il faut leur dire qu’on ne veut pas de raccourci pour entrer dans la ville. Les ingénieurs dans le temps avaient dit que ce n’était pas bon. Si cela avait été possible, ils l’auraient dit. »

Il déplore de voir qu’un certain désintéressement semble s’être installé dans la population, surtout que, selon lui, le dossier est mûr pour connaitre des avancées prochainement. «Il faut s’occuper de nos affaires, parce que ça s’en vient. La promesse du premier ministre était une pelletée de terre avant la prochaine élection. On a été raisonnable d’attendre aussi longtemps. À d’autres endroits, ça brasserait plus que ça. À force de se faire jouer dans la tête, peut-être que les gens n’y croient plus. »