Louis-Philippe Roy à la tête des Éleveurs de porcs du Québec

AGRICULTURE. Producteur de porcs indépendant de Saint-Michel, Louis-Philippe Roy est le nouveau président des Éleveurs de porcs du Québec.

Après avoir dirigé la destinée des Éleveurs de porcs de la région des Deux-Rives pendant six ans, celui qui a également été 2e vice-président provincial de 2016 et 2022 succède à David Duval qui était à la tête de l’organisation provinciale depuis 2017.

C’est lors de l’assemblée générale annuelle des Éleveurs de porcs du Québec, qui se tenait le 8 et 9 juin sous le thème Un futur équitable pour tous et toutes, que la nomination du nouveau président provincial a été confirmée.

Soucieux de conserver l’excellente réputation du porc du Québec, M. Roy a dit souhaiter que les éleveurs évoluent et mettent en place une production innovante, durable et pérenne au sein d’une filière forte, unie et influente.

« Je fais une promesse, celle de faire tout en mon pouvoir pour le bien du secteur porcin québécois. Les priorités qui m’interpellent et qui nécessiteront des efforts colossaux au cours des prochaines années sont la gestion de la crise actuelle, la planification stratégique de notre secteur et le repositionnement de la filière porcine. C’est en ce sens que je souhaite travailler en collaboration avec les acteurs de notre secteur », a mentionné M. Roy qui sera épaulé par François Nadeau, de la Montérégie, au poste de 2e vice-président le poste de 1er vice-président demeurant vacant pour le moment.

C’est Sylvain Bouffard, un producteur porcin de Lotbinière, qui lui succède à la présidence régionale.

Importants défis

Lors d’un entretien avec le journal, le nouveau président provincial s’est dit conscient qu’avec la fermeture annoncée de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction, les conditions entourant sa nouvelle présidence ne sont pas faciles et que les défis seront nombreux.

« Comme nous devrons diminuer la production d’un million de porcs en raison de la fermeture de l’usine d’Olymel, on voudra savoir ce que comprendra le programme de retrait temporaire pour ceux et celles qui entendent quitter la production », a-t-il mentionné en rappelant que le contenu de ce nouveau programme n’avait été dévoilé que le lundi précédent.

« Sur le court terme, il faut que les producteurs appliquent et que l’on soit capables d’évaluer, rapidement, quel sera le chiffre de la réduction. Si la cible n’est pas atteinte, une réduction à parts égales sera imposée à l’ensemble des producteurs et cela aura un impact économique important. Réduire la production de 5, 6 ou 7 %, c’est (souvent) l’équivalent des profits et il n’y en aura plus pour quelques années à venir. Cela fera encore plus mal, on devra passer à une gestion à court terme », poursuit-il.

M. Roy rappelle également qu’une convention de prix avec les acheteurs, qui est plus basse que le prix qu’ils recevaient anciennement, a été signée et que ce faisant, le manque de liquidités pourrait être important.

« Il faudra travailler en étroite collaboration avec l’assurance-stabilisation pour nous assurer que les versements qui seront acheminés aux producteurs par l’assurance, à laquelle ils souscrivent au tiers, soient à la hauteur des besoins financiers des producteurs. J’ai déjà parlé avec plusieurs institutions financières pour voir quel message elles enverront à leurs clients et l’ouverture qu’elles auront pour les aider à passer au travers la crise. »

Nouvelle planification stratégique 

Louis-Philippe Roy ajoute que l’industrie porcine devra se repositionner et voir vers où elle souhaite se tourner dans l’avenir. L’adoption d’une nouvelle planification stratégique s’imposera assurément.

« J’aurai besoin des producteurs de la région et des conseils d’administration régionaux pour avoir des idées claires et un plan mobilisateur. Après cela, il faudra rallier tous les membres de la filière, s’asseoir avec le gouvernement, les transformateurs, les meuniers et tous les partenaires que nous avons », poursuit-il.

« Quand le transformateur ne fait pas d’argent, le producteur ne pourra pas être payé et si les transformateurs sont rentables, nous pourrons obtenir un prix compétitif (pour nos porcs), ce qui nous permettra de réinvestir dans nos installations tout en facilitant la venue d’une relève. C’est tout cela qu’il faut brasser, il y a beaucoup d’enjeux et je pense qu’il y a une bonne volonté du secteur de repositionner l’industrie. »

Analyser les options

Si la décision d’Olymel de fermer son usine pouvait sembler surprenante à certains égards, même si la rumeur courait dans les mois précédant l’annonce, cela représente selon lui le danger d’avoir une entreprise qui contrôle 80 % de l’abattage des porcs au Québec.

« On avait beaucoup d’échos, on savait qu’il y avait des discussions et vers où ça s’en allait, mais on n’aurait jamais pensé que ça allait fermer. Aujourd’hui, le constat est là, on sait que Vallée va fermer alors il faut se revirer de bord et voir quelles sont nos autres options. »

« Il faut tout mettre sur la table et que les producteurs me donnent des mandats clairs : est-ce qu’il faut amener des joueurs de l’extérieur pour créer de nouveaux partenariats ? Mes horizons sont très ouverts, mais je veux que ça vienne des producteurs. Abattre en Ontario ou aux États-Unis ? Le contexte mondial est difficile, même aux États-Unis où des menaces de fermeture planent. J’ai hâte de voir, au cours des prochaines semaines et des prochains mois, comment le contexte américain va évoluer. Car cela aura de l’influence sur le Québec. On en sort actuellement vers les États-Unis, mais ce n’est pas rentable pour notre industrie et pour les Québécois. Certains producteurs voient cela comme une option facile, mais il y a des embûches qu’il faut évaluer avant de prendre les meilleures décisions pour nos producteurs et la filière. »