Saison peu productive pour les acériculteurs

AGRICULTURE. En mars et avril, la météo neigeuse et froide a fait déprimer plusieurs résidents de la région. Elle a également causé un ralentissement important dans la production de sirop d’érable.

Afin de créer les conditions optimales pour l’écoulement de la sève, les températures doivent être près de -5 degrés la nuit et de 5 degrés le jour. Si certains ont réussi une certaine production, d’autres attendent toujours les conditions idéales alors que la saison tire à sa fin, particulièrement chez les producteurs dont l’érablière est située en terrain montagneux ou sur le versant nord d’une montagne.

Selon Marcel Larochelle, président du Syndicat des acériculteurs de la Beauce (SAB), le rendement moyen à l’entaille varie de 1,5 à 2 livres chez ses membres depuis le début de la saison. En 2017, celui-ci était de 3,14 livres.

«C’est courant qu’une saison s’étire sur plusieurs semaines à cause des écarts de température. Il y a eu une première coulée en février lors d’un redoux, mais le temps froid a repris et l’hiver s’est éternisé. On a seulement eu droit à de petites coulées», explique-t-il.

À la mi-avril, des acériculteurs avaient produit à peine la moitié du sirop d’érable obtenu lors d’une saison moyenne. Les arrivées de mercures dépassant les 10 degrés n’ont pas aidé les acériculteurs à rattraper leur retard. «La saison actuelle a déjà donné beaucoup de sirop ambré et foncé. Le sirop doré (clair) sera plus rare cette année», selon M. Larochelle.

D’un autre côté, son homologue du secteur Côte-du-Sud, Luc Goulet, observe lui aussi que ce n’est pas la plus belle saison. «C’est très variable. Aussitôt que l’on est dans le bas du comté, de Saint-Lazare à Saint-Vallier par exemple, certains ont eu de belles coulées, car c’était plus chaud, mais ce ne sont pas des rendements exceptionnels. Aussitôt que l’on grimpe en altitude, c’est plus difficile. On en connait qui ont allumé leur bouilleuse deux ou trois fois seulement.»

Si les producteurs des secteurs de Honfleur et Saint-Gervais par exemple ont déjà terminé leur saison et réussi environ la moitié d’une production normale, ceux situés aux abords du Massif du Sud espèrent toujours que les conditions soient réunies au cours des prochains jours, explique M. Goulet. «Dans les érablières plus froides, les arbres étaient davantage dégelés en février qu’en avril. Les érables étaient déjà cernés lorsque l’on a connu des épisodes de pluie suivis de froid intense. On observe encore plus d’un pied de neige à certains endroits et deux pouces de glace sous cette neige qui recouvre la base des érables. Cette couche nous nuit beaucoup.»

Il espère que les producteurs pourront sauver la mise au cours des prochains jours. «On verra ce que nous amènera la pluie de mercredi et jeudi, mais on annonce une seule période de gel au cours des prochains jours et ensuite, on prévoit des 17, 18 ou 19 degrés, alors l’arbre va avancer dans sa maturation. Les prévisions à long terme ont toutefois régulièrement changé depuis le début de la saison.»

Réserve stratégique

Afin de répondre aux demandes d’exportation en 2018, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) devra puiser dans sa réserve stratégique selon Marcel Larochelle. L’automne dernier, celle-ci contenait 104,3 millions de livres conservés dans des barils, dont 20 % sont classés comme industriel (VR5).

«Notre marché restera autosuffisant. Je ne crois pas qu’on revivra la mauvaise saison de 2008 (58,8 millions de livres au Québec), car la production a toujours augmenté les années suivantes avec des moyens mis en place par la FPAQ», soutient M. Larochelle.

Au printemps 2017, les membres de la FPAQ avaient produit 152,2 millions de livres de sirop. Pour chaque région, les données officielles de cette saison seront disponibles en juin, après les analyses et étiquetages de tous les barils.

(Avec la collaboration de Frédéric Desjardins)